“I'm black then I'm white, something isn't right" [TERMINÉE]

Tu sembles étendue dans une espèce de barque, prenant sur toi pour ne pas céder à la panique lorsque que tu imagines les eaux sombres t'engloutissant dans les abysses. Soudainement, tu as envie de vomir, tu ouvres les yeux et sors de ton rêve.
Le plancher sous toi tangue, ton bras droit est engourdis, tes poignées te brûlent. Tu es couchée sur le côté, entravée, la bouche fermée par du ruban adhésif et les mains ligotées au-dessus de ta tête. Tu comprends alors que tu es dans une remorque et tu as du mal à voir, ta vision semble flou et tes sens sont endormis, comme si tu étais dans un état second.
Tu as envie de vomir et ta tête te fais atrocement souffrir, comme si elle était devenue une enclume. Tu fermes les yeux pour moins souffrir et tu peux sentir les roues tonner contre le bitume en dessous. Tu rouvres les yeux et remarques que tes mains sont attachées à la structure métallique qui soutient la bâche. Comme un instinct de survie, une obsession primaire, tu observé tes habits. Tout à l'air en place et tu ne ressens aucune douleur dans le bas-ventre pour le moment. C'est bête, mais tu soupires intérieurement de soulagement et malgré ta vision brouillée, tu essaies de comprendre ce qui s'est passé tout en essayant de ravaler la vague d'angoisse qui te submerge. Tu sais que te tu trouves dans une situation que chacun redoute le plus dans sa vie, celle qu'on se dit qui n'arrivera jamais, qui ne peut arriver dans la réalité. Tu ignores combien de temps tu es restée sans connaissance, ni comment tu as atterri ici. En vue de la douleur que tu ressens, tu espères t'être débattue et d'avoir donner du fil à retordre à ton ravisseurs, à moins qu'ils n'étaient plusieurs.
Mais tu te rends rapidement à l'évidence. Si tu es ici, c'est que tu as échouée à défendre ta vie et plus important encore, ton honneur. Une colère sombre s'empare de toi et malgré l'épuisement visible de ton corps, tu te dis que tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Avec rage, tu constates que tes mains sont glacés -le sang n'y arrive plus, à cause des liens qui te retiennent prisonnière. Ta tête tourne et ta vision devient complètement sombre par moment. Tu essayes de secouer ta tête, il est hors de question que ton corps abandonne tant que tu ne l'as pas décidé !
Tu t'efforces de reprendre le contrôle, il ne faut pas que tu vomisses avec ce ruban adhésif qui recouvre ta bouche. Même si l'odeur insupportable dans l'air et la situation ne t'aide pas. De rage, tu sens les larmes te monter aux yeux mais tu n'as pas le temps pour t'apitoyer sur ton sort. Tu as d'autres choses à penser et tu ne peut te permettre de devenir une faiblarde. Ta fierté t'aide à ne pas sombrer totalement. Tu reprends le contrôle et essaye de te rappeler ce qui s'est passé, sans y arriver. Tu n'y prête pas vraiment attention, pensant que le choc a volontairement endommagé ta mémoire. Tu réfléchis, est-ce qu'il serait plus judicieux d'opposer de la résistance ou au contraire, d'essayer de créer un lien en tentant de parler et d'autres ?
Rapidement, tu constates que crier ne sera d'aucune aide. Déjà, parce qu'avec le scotch, ça paraît impensable et personne ne t'entendra. À part celui ou ceux qui t'ont capturée comme un vulgaire chien errant allant à la fourrière. Au contraire, tu dois te taire pour qu'on croit que tu es toujours endormi. La remorque tangue soudainement et ta bouche se remplit de vomit, tes muscles tremblent et le plastique rigide entame ta peau.
Tu serres les dents et malgré la douleur, tu saisis le bord du ruban adhésif et l'arrache dans un geste brusque. Tu craches, t'affaisse sur le flanc comme si ça t'avait coûté ton énergie et essayes de tousser silencieusement. Tu concentre ton regard et remarques que l'autre côté de la remorque n'a pas de barre métallique de l'autre côté. Tu penses que c'est sûrement pour rouler la toile quand on charge la remorque. Une idée folle ainsi qu'un espoir naquit en toi : Si, malgré tes mains entravées, tu parvenais à suivre l'anneau métallique ? Tu pourrais peut-être soulever la bâche et appeler à l'aide ou attirer l'attention. Ça paraît impossible mais tu dois la réaliser. Tu essaies de faire glisser l'anneau -mais sans succès, tu insistes et tu sens à peine la brûlure causée par le plastique qui te ligote.
D'un coup, le poids lourd change de file et ta tête heurte le montant.
Tu ravale ta salive en t'asseyant et tu remarques un meuble métallique rempli de pinceaux, de pots de couteaux et d'autres matériaux de peinture. Ton pouls s'accélère et une montée d'adrénaline te traverse. Tu vas prendre un objet coupant, te libérer de tes liens et sortir de cette enfer -oui, tu vas y arriver ! Tu remues un peu tes mains et réalise que tu peux te déplacer vers l'avant de la barre inférieure.
Tu prête à peine attention au bruit du moteur qui ralentit.
Tu te penche en avant, atteint le manche d'un couteau avec ta bouche, le saisi et réalise avec horreur que du sang séché coagule sur le sol.
C'est décidé, tu ne vas pas mourir. Pas entre les mains de psychopathes en tout cas. Pas tant tu ne l'as pas souhaité par toi-même.
Tout doucement, tu mène la lame entre tes lèvres jusqu'à tes mains, l'appuie de toutes tes forces contre le bracelet en plastique et commence à scier.
La douleur te fais chanceler et tu manques de perdre à nouveau connaissance mais ta volonté de prendre le contrôle sur ton corps est plus forte. Tu ignores les signaux qui montre que tu es à bout -au contraire, tu sers le manche plus fort entre tes dents malgré la salive qui coule sur le manche.
C'est un véritable combat que tu mènes contre toi-même, entre ton corps qui veut te forcer à abandonner et ton obsession folle de garder le contrôle. Tu vacilles, cognant ta tête contre la paroi pour forcer ton corps à produire de l'adrénaline. Du sang commence à perlé de ton front et tu reprends le sciage avec plus de vigueur.
Tu entends un petit clic.
Épuisée, tu t'effondres au sol et lâche le couteau qui sombre dans un tintement. Tu retiens ta respiration et tends l'oreille : aucun bruit.
Tu sais qu'il faut que tu agisses vite, que tu n'auras pas de deuxième chances.
Tes mains tremblent pendant que tu essaies de transpercer la bâche. Tu arrêtes lorsque tu entends un léger bruit et c'est qu'à ce moment que tu remarques que le camion est arrêté à une station service.
Tu jettes un rapide coup d'œil et remarques aucun véhicule, mais également personne non plus.
Tu as encore envie de vomir mais tu prends le temps de te concentrer sur ta respiration pour ne pas le faire.
La sueur coule de ton corps et sans hésiter davantage, tu sautes du plateau et ressens une vive douleur à la cheville lorsque tu te réceptionnes.
Soudain, des pas se font entendre et un juron suit peut après.
À quelques mètres de toi, se tient celui qui est ton ravisseur, tu en es sûre et il s'élance a ta poursuite.
Tu ne réfléchit pas une seule seconde, guidée par ton instinct de survie et t'élances vers la forêt pour espérer le semer.
Le sang bat dans tes oreilles et ta vue se trouble, ta respiration est sifflante et tu as encore envie de vomir. Tu ne prends pas la peine de regarder où tu vas et heurte de plein fouet quelqu'un.

« Eh ! Qu'est-ce que...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que tu t'accrocher à lui pour ne pas sombrer. C'est un policier. Tu arrives à peine à sourire, le cauchemar est enfin terminée.

- Il faut que vous m'aidiez...
- Reculez.

Dit-il simplement en te repoussant légèrement et tu perds l'équilibre, te réceptionnant sur tes mains. Tu vois la moto et tente de t'y approcher en reconnaissant l'homme de tout à l'heure en face d'eux.

- Je dois partir, aidez-moi...

Tu tentes de te relever mais ton coeur lâche et tu ne peux te retenir de vomir. Tu entends le policier et l'homme à la veste sombre parler. Tu entends quelque chose du genre “c'est ma fille” et que “ce n'est pas la première fois qu'elle fugue pour se prendre une cuite alors qu'elle n'a même pas encore quinze ans”.
Tu veux protester mais ton estomac se révulse et tu continues de vomir, ton corps échappant à tout contrôle.

- Que faire ? Menacer de confisquer le portable ?
- Je connait ça, rit le policier.
- Allez ma petite, dit le ravisseur en lui tapotant le dos. Tu te sentiras mieux après.
- Ça lui arrive souvent ?
- Malheureusement, oui. Mon épouse et moi se faisant un sang d'encre à chaque fois vu qu'elle black Out à chaque fois qu'elle force de trop sur la boisson.
- Ce... C'est pas vrai, proteste tu mollement en essayant d'essuyer les vomissures sur ta bouche.

Le ravisseur soupire un instant avant de se tourner vers le policier d'un air désolé. Enfin, il se tourne vers toi et tu peux voir une certaine lueur d'amusement dans ses yeux.

- Dans ce cas, ma petite, rappelle moi ton prénom.
- C'est...

Tu t'apprêtes à dire quelque chose mais les mots meurent dans ta gorge. Tu n'as aucune idée de comment tu t'appelles. Ta mémoire semble l'avoir oublié et tu te forces à fouiller dans les tréfonds de ton cerveau.
Tu as oublié ton prénom.
Et plus encore, tu ne sais rien de ta vie. Ni qui chercher à joindre en cas de problème, ni où tu habites où qui sont tes parents.
Mais une chose est sûre, cette homme t'as enlevé pour te faire du mal.

- Vous voyez ? Fait l'homme en mimant une voix inquiète. Je ne peux pas la laisser comme ça. Qui sait ce qui pourrait lui arriver ?
- Je vois, dit le policier en commençant à repartir vers sa moto. Malheureusement, on ne peut pas la mettre en cellule de déguisement en vue de son âge.
- Ne partez pas, supplie tu encore une fois. Aidez-moi...
- Tu vas rentrer et demain, tout ça ne sera qu'un mauvais souvenir, ma petite.
- Bon courage. »

Tranche le policier et il allumé le moto pour commencer à partir. Tu essaies de l'appeler, mais sans succès.
Tu retombes dans l'herbe une fois que tu comprends qu'il est parti.
Un vide abyssal te saisi lorsque tu comprends que tu as échouée encore une fois à protéger ta vie. Tu es soudainement vidée de toutes émotions et tu t'en prends à toi-même. Tu as été incapable de te sauver. Tu as perdue le contrôle sur ton corps et par la même occasion, l'unique chance de t'en sortir vivante. Tout ça parce que ton putain de corps était trop faible et que tu n'as pas pu te retenir de vomir et que tu as été incapable de te souvenir de ton putain de prénom et de ta foutue identité. Tu restes là, à genoux sur le sol. Tu sens à peine la piqûre dans ton bras et ensuite, le vide.
Comme ton esprit.
Tu as échouée. Tu n'as pas su garder le contrôle. Et maintenant, tu vas payer ta faiblesse
Peu à peu, ta vue se brouille. Tu n'esquisse aucun mouvement de défense et tu laisses les ténèbres t'engloutirent