C'est d'une attitude confiante que la Santa Muerte attendait d'être servie. À vrai dire, c'était nouveau pour elle, le refectoire, c'était la première fois qu'elle allait dans ce lieu, et qu'elle partageait un moment aussi banal qu'un repas avec d'autres cobayes. D'habitude, elle faisait tout pour éviter cette situation, quitte parfois à ne pas manger ou à harceler des assistants pour avoir quelque chose qui lui tiendrait l'estomac. C'était un peu incompréhensible, sachant que c'est sûrement un des rares moments où elle n'avait pas à subir les différentes humiliations, brimades et tests en tout genre. Mais elle ne supportait pas de voir les autres torturés de cette mascarade. Oh, pas par pitié -aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait perdue la notion de ce mot. Mais plutôt qu'elle avait peur de finir comme la plupart, qui semblaient avoir accepté leur sort. Comme si la bataille était perdue d'avance ou que se rebeller n'arrangerai pas leur cas. Mais tout ce qui en valait la peine, valait la peine de se battre, n'est-ce pas ? Et en l'occurrence, se battre pour soi-même n'était pas ce qu'il y avait de mieux ? Vivre ici, c'est souffrir continuellement. Et survivre, c'est donné un sens à cette souffrance. C'est comme ça qu'elle voyait les choses. Et tout ce qu'elle avait vécu depuis son arrivée ne pouvait que lui donner raison.

Enfin, elle allait sûrement faire ce qui lui semblait le plus difficile : Trouver une place parmi les chaises malades et les tables qui ne semblaient guère mieux, où la blancheur de la pièce contrastait avec violence avec ce qui ce passait dans le bâtiment. Comme si les ombres reflétées étaient là pour rappeler le cauchemar permanent dans lequel ils vivaient tous. Elle parcouru rapidement la salle des yeux, afin de trouver où elle pouvait s'assoir, bien qu'elle ne comptait pas trop s'attarder. Cet endroit était suffisamment glauque, car il ressemblait à une cantine ordinaire. Comme si tout ça était normal, alors que non, justement. Finalement, elle remarqua une table occupée par un cobaye, un homme. Elle soupira avant de s'y installer, comme si c'était l'épreuve la plus dure de sa vie. Elle tripota son plat mais n'y toucha pas malgré la faim qui la rongeait. Elle lorgna un instant sur le plateau de son voisin, qui était le même qu'elle. Pourtant, peut-être par caprice ou pour le faire chier, elle voulait AB-SO-LU-MENT son plat.

<< Hé, toi ! Oui, toi là ! Donne-moi ça !

Fit-elle en désignant son plateau avant de joindre le geste à la parole. C'était peut-être puéril, voir complètement débile mais elle se senti mieux en tirant le repas déjà entamé de l'autre vers elle, repoussant le sien par la même occasion. Après tout, il fallait bien que les autres découvrent quelle genre de personne elle était et même si ce n'était pas glorieux de sa part, la Santa Muerte estimait qu'elle en avait le droit, son attitude provocatrice et capricieuse le montrait.