Kim Minsu - I’m not a hero but I can stil be yours

Mes parents… Je sais peu de chose sur leur rencontre et sur l’amour qu’ils ont pu partager. Tout ce que je sais c’est que mon père est parti en nous abandonnant mais surtout en brisant à jamais le cœur de ma mère, détruisant par la même occasion nos vies. C’est peut-être pour cette raison que je me suis toujours interdit d’aimer...  

J’ai toujours cru que j’étais incapable d’aimer et aujourd’hui encore, je me demande si c’était de l’amour que j’éprouvais pour toi. Je pense… non j’en suis sûre c’est pour cette raison que lorsque tu as disparu, j’ai à nouveau fermé mon cœur. Aimer ça fait mal. Aimer ça détruit. J’ai vu les ravages que l’amour a fait à ma famille, à ma mère... Alors quand tu es parti, je t’ai détesté mais j’ai aussi réalisé à quel point j’avais besoin de toi. Tu m’avais rendu faible, vulnérable et je me suis juré de ne plus jamais laisser entrer qui que ce soit dans mon cœur. Je ne peux pas me le permettre. Tellement de personne dépendent de moi…

Min Su… Nous portions le même prénom. Tu étais plus jeune que moi d’un an. T’étais mignon mais clairement le sexe et l’amour, ce n’était pas mon truc. Je n’ai jamais eu le temps pour ces conneries. Ce qui compte c’est l’argent. Sans fric, on ne peut rien faire, pas même mettre de la nourriture sur la table et encore moins payer les factures. Pour du fric, je suis capable de faire à peu près tout. Alors quand on m’a mis au défi de te dépuceler avec photo à l’appui, j’n’ai pas hésité un seul instant. C’était sensé n’être que du cul et une histoire de fric. L’un va toujours avec l’autre. Si tu savais à quel point je suis un connard. Un mec sale qui ne te méritait pas. Et pourtant, il s’est passé un truc quand je t’ai baisé. En fait non, je ne t’ai pas juste baisé. Je t’ai fait l’amour et je crois que ça a fait toute la différence. Je n’ai même pas voulu du fric du parie. Tu te rends comptes ? Moi qui cours tellement partout, à droite, à gauche, en recherche constante de fric pour joindre les deux bouts, j’ai dit non à du putain de fric pour toi ! Si j’avais pu j’aurais arrêté mes conneries. J’n’aurais plus accepté de fric pour faire ces trucs dégueu que je faisais mais je ne pouvais pas et je ne peux toujours pas.... J’avais et j’ai toujours une famille à charge. Alors tout en t’aimant, tout en te regardant dans les yeux tous les jours, j’allais faire ces trucs que tu n’as jamais su. C’était mieux comme ça. Comment t’expliquer que lorsque j’étais épuisé, lorsqu’on ne le faisait pas, c’était parce que j’avais été avec d’autres… Parfois je me demande si justement c’n’est pas à cause de ça que t’es parti. Et si tu avais appris ce que je faisais pour vivre ? Ce que je faisais dans ton dos ? Est-ce que ça t’a fait du mal au point que tu te jettes d’un pont ? Parfois j’n’en dors pas de la nuit. Puis je me souviens que je ne peux pas me permettre de manquer de sommeil. Pardon Minsu, je dois t’oublier. Je dois avancer parce qu’il y a tellement de gens qui compte sur moi.

Mon secret, personne ne le connait. Ni mon bro qui lui aussi a disparu, ni ma Noona... quoique... Eux, ils sont ma famille de cœur. Celle que j’ai choisi. Celle qui n’a pas besoin de moi. Celle qui ne me demande jamais rien. Celle qui sera toujours là. On en a fait des conneries ensemble. Je me souviens comment on a travesti Min Jun un jour pour se faire du fric. Mais ça, c’était avant qu’il disparaisse. Putain… Mais pourquoi tous ceux que j’aime finissent par disparaitre ? Aujourd’hui, il ne reste que Noona, ma sœur de cœur, celle à qui j’envoie des messages pour me plaindre, celle à qui je peux raconter quelques-uns de mes petits malheurs. Elle sait que je suis devenu hôte, elle ne me juge pas. On en rigole quand je lui parle de mes clients moches et lourds. Elle sait que c’est provisoire et dans le fond je pense qu’elle s’en fiche. C’est bien comme ça. Je gère. J’n’ai pas besoin qu’on s’inquiète pour moi. C’est une perte de temps. Il faut avancer dans la vie. Il ne faut pas vivre dans le passer, même si nous sommes désormais un duo et plus un trio. Sorry Min Jun...

Dans le fond je suis qui au juste ? T’aimerais bien le savoir ? Tout ça c’était que l’intro. Viens continuons ou plutôt reprenons depuis le début.
Je viens d’une famille de quatre enfants et j’ai une sœur jumelle Hyun Ae. C’est mon double, ma jumelle, la femme de ma vie mais elle avait une santé fragile et a donc passé une partie de notre enfance loin de la maison et de la pollution de la ville. Je crois que c’est à cause de ça que j’ai voulu devenir médecin. Finalement c’est sa mauvaise santé qui l’a sauvé car elle a été obligée de vivre à la campagne avec une tante. Elle avait besoin d’air pur et quand je pense à tout ce qui m’est arrivé, je suis content qu’elle n’ait pas eu à subir tout ça… Pourtant il a fallu qu’elle veuille revenir à Séoul. Qu’elle veuille venir me voir. Si j’avais pris le temps d’aller la voir, si j’avais su la rassurer comme il faut, elle ne serait jamais venue et n’aurait jamais rencontrer ce type, ce connard dont je ne connais même pas le nom… Est-ce qu’elle en était amoureuse ? Elle n’a jamais été claire là-dessus. Est-ce que lui l’aimait ? Bien sûr que non ! Tout ce qu’il voulait, c’était la sauter et c’est ce qu’il a fait. Ensuite Hyun Ae est tombée enceinte. Elle n’a pas voulu avorter en dépit du fait qu’elle deviendrait une mère célibataire et qu’elle aurait à affronter le regard des autres. Mais elle était forte, autant que belle. C’était mon double, la femme de ma vie. Alors qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi nous a-t-elle abandonnée nous aussi ? Je n’en ai pas la moindre idée. Elle était là et le jour d’après, elle s’était volatilisée. Un peu comme Minsu et Min Jun… Est-ce que c’est moi qui porte malheur ? Qui fait fuir les gens ? Inutile de vous dire qu’après ça mon cœur s’est refermé un peu plus même s’il a fallu que je donne de l’amour à ce gamin qui m’était resté sur les bras. Ce gosse qui n’avait jamais eu de père et qui désormais n’avait plus de mère. Le gamin n’avait que  quelques mois et moi cette année-là, j’ai redoublé mon année de médecine. VDM…

J’ai également deux petits frères, Min Ho et Min-Hyuk. Des amours. Des gamins qui sont grands maintenant. Min Ho a cinq ans de moins que moi et Min Hyuk en a sept de moins mais ils n’ont plus besoin que je leur torche le cul et ils m’aident à élever notre neveu. On est une bande de mec qui vit dans un 20m² et on ne peut pas dire qu’on est particulièrement malheureux. Bien au contraire, on vit notre vie, on prend soin les uns des autres mais surtout je fais en sorte qu’ils ne manquent de rien. C’est mon rôle d’ainé et c’est ce que j’ai toujours fait.  

J’n’ai pas le souvenir d’avoir souvent mangé à ma faim. Ma mère passait plus de temps à dormir à cause de ses médocs qu’à s’occuper de nous. C’était pas de sa faute. Elle était dépressive et malheureuse. Alors on a appris à se débrouiller tout seul très vite, très tôt. Je me suis souvent brûlé et coupé en préparant le repas mais j’étais fier d’aider car j’étais l’homme de la maison.  Je devais prendre soin des plus jeunes et puis j’ai très vite compris que c’était également à moi de trouver de l’argent.

Quand on est enfant et qu’on a besoin d’argent, on devient très vite une proie facile. Je crois que je n’ai pas besoin de vous faire un dessin, ni de vous raconter comment j’ai conclu un marché avec le proprio pour qu’il ne fasse pas trop d’histoire pour les retards de loyer… Ni comment j’ai gagné mes premiers billets. J’avais dix ans et j’étais partagé entre dégout et fierté. Dégout parce que je me sentais sale. Je savais que tout ça c’n’était pas normal et que c’était mal. Fier parce que je gagnais de l’argent et qu’on en avait besoin. Vous comprenez maintenant pourquoi le fric c’est si important pour moi ? Quant à mon corps, j’ai rapidement compris qu’il pouvait me rapporter gros. Il suffit parfois d’un sourire et d’une belle parole pour gagner pas mal de fric. Mais ce qui rapporte le plus, c’est de les laisser en disposer ou de faire ce qu’ils attendent de nous. Ça s’appelle de la prostitution mais je préfère penser que je n’étais qu’une sorte d’escort boy.

J’aimerais vous dire que tout ça c’est derrière moi mais ça serait mentir. Je suis en 4e année de médecine et je gagne ma vie en étant hôte la nuit. Je gagne plutôt bien ma vie grâce aux conseils d’un mec que je considère comme mon mentor même si aujourd’hui il a changé de vie. Moi aussi j’arrêterais un jour. Il parait qu’en 5e année, on est payé pendant notre internat. Je pourrais peut-être arrêter ? J’en rêve tout en gardant à l’esprit que j’ai une grosse dette envers un mec qui pourrait s’apparenter au diable. Il a accepté de me prêter de l’argent il y a quelques temps déjà. Je ne sais toujours pas comment j’ai pu le convaincre de m’en donner autant mais je dois le rembourser tous les mois à date fixe. Et je ne vous parle pas des intérêts exorbitants. Quelque chose me dit que je suis dans la merde jusqu’au cou mais c’est trop tard. Je ne peux plus reculer. Je ne peux pas changer le passer. Je peux juste serrer des dents et avancer. Un jour j’aurais mon diplôme. Un jour je serais médecin. Un jour je gagerais bien ma vie. Un jour je n’aurai plus besoin de faire tout ça. Oui un jour…