Not your Angel - Zero feat Angel

Il ne pesait pas grand-chose et pourtant, jamais il n’avait été facile de le traîner. Dès qu’on tentait de s’emparer de son bras, c’est comme si on activait quelque chose en lui. Un animal sauvage. Un chat errant qui refusait qu’on s’approche et qui filerait au moindre mouvement. Un loup enragé qui n’avait que pour but de blesser sa proie. Et ça, blesser, il le faisait souvent. Mais les blessures qu’il portait aux autres étaient souvent bien moins graves que celles qu’il recevait. Mais dans cet état, plus rien ne comptait autre que la survie. Il ne sentait pas les doigts de l’homme serrer son bras si fort qu’il en aurait des marques. Il ne sentait pas la blessure de laquelle le sang chaud coulait et faisait de petites goutes au sol. Il ne voyait qu’un prédateur à vaincre, frappant, mordant tout ce qui était à portée de dents et hurlant dès que son souffle lui permettait. S’il pouvait causer des problèmes, c’est avec plaisir qu’il le faisait.

D’une main, l’homme ouvre la porte et, le tirant par le poignet, y jette Zero sans plus s’en faire, marmonnant une insulte peu élégante à répéter ici, et refermant aussitôt. Malgré ses blessures, le cobaye se redresse pour se jeter contre la porte, frappant des poings et des pieds à s’en faire encore plus mal. Il ne remarque même pas l’autre homme présent jusqu’à ce que ce dernier lui attrape le bras, coupant court à sa démonstration de fureur. Il se calme presque aussitôt, reconnaissant le visage face à lui. Un scientifique qu’il n’a pas croisé depuis longtemps. Il fronce d’abord les sourcils, trop confus pour réagir à la main qui fait une pression sur son bras. C’est une mauvaise blague?

« Tombe pas dans les pommes, chéri, sinon je t’en mets une paire pour que tu restes réveillé. »

Chéri? Zero tire sur son bras, pour se dégager, sans réaliser la raison pour laquelle le scientifique le serre. Il semble réfléchir à toute vitesse dans sa tête. Il ne l’avait pas croisé depuis longtemps - bon ils ne se croisaient pas souvent non plus auparavant de toute façon. Était-il devenu fou? Les autres l’avaient mis à l’isolement pour voir ce que ça ferait à Zero de se retrouver avec un de ces malades de de chercheurs? C’était surement un truc du genre. Le plaisir de voir ce qui arriverait.

« Qu’est-ce que tu fous là? » demanda-t-il d’un ton sec.

Il n’a pas encore réalisé, mais ça ne saurait tarder. Il ne quitte pas l’autre des yeux, restant sur la défensive, surtout lorsqu’il resserre sa prise sur son bras. Il se sent prisonnier, et pas seulement de la pièce. Prisonnier face à ce qu’il croit être encore un scientifique. Son instinct lui dit de frapper et de fuir, deux choses qu’il considère maintenant comme essentiel à sa survie après tant d’années passées à se faire malmener sans arrêt. Mais il n’y a nulle part où fuir. Et, bien qu’il considère l’option de frapper, il ne le fait pas. Plutôt, il écoute les paroles de l’autre, surpris par le choix de mot. « Tu pisses le sang. Avec l’adrénaline tu ne t’en es même pas rendu compte mais tu es salement amoché. »

Il suit le regard de l’autre, jetant un coup d’œil à son bras. Il affiche alors une expression surprise, comme s’il avait complètement oublié qu’il y avait présentement des blessures sur son corps et qu’il était en train de tacher les doigts de l’autre de son sang. Il relève les yeux pour regarder l’autre. Lui faire confiance? Non, certainement pas. Probablement jamais. Évidemment, Zero n’est pas au courant de ce qui est arrivé à Angel. Mais alors qu’il le tire loin de la porte, il se laisse entrainer tout en restant sur ses gardes. Parce que ses choix étaient de se vider de son sang ou d’espérer que l’homme fasse quelque chose pour que la plaie cesse de saigner. Il ne peut s’empêcher une remarque, bien qu’il ne soit pas convaincu de pouvoir croire quoique ce soit qui sortira de la bouche de l’autre. Autant qu’il en sait, l’homme pourrait tout aussi bien lui raconter n’importe quelle histoire. Mais le jeune cobaye était bien curieux malgré lui. « Pourquoi ils enferment un scientifique ici? On a le service aux chambres maintenant? »

Il se laisse entrainer, non sans le juger d’un œil incertain. Il n’aimait pas cette situation. Quelque chose clochait et le dérangeait, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui lui donnait cette impression. Et ce n’était pas le fait de se retrouver avec un scientifique – ça il était totalement conscient que ça le dérangeait. Mais c’était plutôt le fait que, justement, quelqu’un d’autre se trouvait là. N’étaient-ils pas censés être en isolation? Pourquoi se retrouvait-il en présence de quelqu’un d’autre? Ce n’était certainement pas à cause de ses blessures. Ils l’auraient probablement laissé se vider de son sang avant daigner lui accorder de l’attention. Ses pensées sont rapidement interrompues par l’homme qui lui susurre à l’oreille et déjà Zero n’est pas certain d’apprécier cette proximité, surtout parce qu’il est incapable de définir ce que le scientifique fait là. Et pourtant, il se laisse tout de même entrainer, s’assoyant près de l’homme sans trop rechigner, pour écouter ses indications.

Il serre donc son bras, faisant pression sur la plaie, apercevant le sang ayant gouté un peu au sol. Il commence tout juste à réaliser que, effectivement, il ressent la douleur qui en provient, mais aussi à plusieurs endroits. Un inconfort et des douleurs semblables à des aiguilles s’enfonçant dans sa peau. Il relève les yeux juste à temps pour voir l’autre enlever son chandail et il fronce d’abord les sourcils, incrédule, avant qu’il ne lui explique ce qu’il fait. Hm. Bien que sa logique fasse du sens, Zero ne semble tout de même toujours pas convaincu. Et ce n’est que lorsque le scientifique termine le bandage de fortune qu’il réalise que tous deux portent le même uniforme. L’habit blanc, si spécifique aux cobayes. Mais tout juste la question lui brûle les lèvres que l’autre parle à nouveau; « Tu veux un bisou magique maintenant ? À moins que tu ne préfères une sucette ? »

Zero fait un petit hochement de tête, comme s’il prenait en compte les choix qui s’offrait à lui, avant de répondre avec le choix du sucre. « Il y a des années que j’ai pas eu de sucette, je dirais pas non. » Il bouge son bras, comme pour s’assurer que le garrot improvisé n’est pas dérangeant pour ses mouvements, mais ne glissera pas non plus, puis marmonne un remerciement, trop orgueilleux pour le dire tout haut.

Le froncement de sourcil exprime très bien la pensée du jeune cobaye en entendant la réponse de l’autre. Mériter la sucette? Il doute de plus en plus son hypothèse. Cet homme est toujours un scientifique, ou du moins il n’a pas perdu sa façon d’être. Il parle comme si Zero avait quelque à y gagner en étant docile et en écoutant les ordres bien gentiment. Il le regarde éclater de rire, perplexe. Quelque le dérange définitivement et il espère qu’il ne sera pas coincé trop longtemps en compagnie de l’autre homme, trop méfiant de ce qu’il pourrait lui faire. Mais pour le moment, il lui est impossible de faire quoique ce soit excepté attendre. Donc quand l’autre lui dit de retirer ses vêtements, il le fait sans en faire de cas.

Premièrement, il ne peut pas faire grand-chose tant qu’il est dans cet état. Il se rend tranquillement compte que son corps le fait souffrir alors qu’il retire son t-shirt, considérant que les scientifiques y vont rarement de main morte avec lui. Il a plusieurs plaies, quelques hématomes, bref rien d’aussi grave que sa blessure au bras – il espère – mais tout de même douloureux.  Deuxièmement, au point ou les cobayes en sont, la pudeur n’est plus quelque chose de sacré, en tout cas pas aux yeux de Zero. Que ce soit de se retrouver ensemble dans les douches ou d’être scruté au microscope par des scientifiques, il y avait peu de partie de son corps qui n’avaient pas été vu par quelqu’un d’autre. Il lève les yeux vers l’autre en l’entend parler de nouveau « Ils t’ont fait quoi exactement avant de t’enfermer ici, hein ? Tu as l’air salement amoché. »

Le cobaye a un petit rire sarcastique avant de considérer à nouveau que l’homme face à lui n’était effectivement plus un scientifique. « Vous n’êtes jamais très doux avec nous, en général. » Après tout, la majorité des cobayes finissaient avec des blessures qui, elles, laisseraient des cicatrices derrière. Et Zero en avait déjà pas mal. « C’était pas ton truc non plus, la douceur. »

C’était bien une des premières fois qu’il ne chignait pas trop. Il se laisse faire, laissant l’autre homme le toucher. Mais restant toujours sur ses gardes. L’autre cobaye devait sentir tout ses muscles tendus, prêt à réagir au moindre mouvement qu’il considérerait comme agressif. Il tourne les talons, lui faisant dos en fronçant les sourcils. C’était un peu bizarre d’avoir l’oreille de l’autre collée sur sa peau. Un docteur utilise normalement des outils, mais comme il n’y en avait pas à portée de main, en théorie, cette technique faisait du sens. Mais il n’était pas convaincu. Il ne le repousse pas pour autant, cependant, tentant encore de définir ce qu’il faisait à l’isoloir. Le commentaire sur sa condition physique lui fit tourner la tête pour jeter un regard à l’homme. Considérant l’environnement dans lequel ils se trouvaient, c’était surprenant d’entendre que sa condition physique était bonne. Ils étaient loin d’être les mieux nourris. Ils ne voyaient jamais le soleil. Et les scientifiques s’en fichaient bien qu’ils soient en santé ou non. Mais bon, aussi bien prendre ce commentaire comme une bonne nouvelle.

Il le suit des yeux alors que l’autre vient se placer devant lui, suivant alors le mouvement de ses mains. Il serre légèrement la mâchoire dès que ses doigts effleurent les endroits les plus douloureux de son corps, ayant comme réflexe de reculer lorsqu’il atteint sa côte. Zero lève la tête, regardant le visage de l’homme. « Je te recommande de ne pas faire de folie avec ton corps sinon tu risques de la casser à la prochaine bagarre. »

« Les bagarres arrivent souvent. Je vais surement finir par la casser d'une façon ou d'une autre. » Répondit-il sarcastiquement. Ils avaient rarement des moments de répits, après tout. Le jeune cobaye semblait toujours courir après la bagarre de toute façon. Avec son attitude, sa façon de parler. Son agressivité. Il ne se laissait pas faire, après tout, et ses adversaires devenaient nombreux. Scientifique comme cobayes, parfois.

« Est-ce qu’on se voyait souvent toi et moi ? » Zero reste silencieux à la question, se rappelant des moments tout sauf agréable qu’il avait passé en compagnie de ce cher docteur japonais alors qu’il se retrouvait attaché, des électrodes trop près de son cerveau pour être confortable. Cette question lui confirmait en quelque sorte que l’homme face à lui n’avait plus tout ses souvenirs. Il passe la langue sur ses lèvres. Alors même des scientifiques pouvaient se retrouver au plus bas, hein? « Parfois. On avait une relation… foudroyante. »

Le jeune cobaye lève les yeux au ciel au commentaire de l’autre, qui semble encore une fois lui confirmer qu’il ne se rappel de rien. Si il savait. Inconsciemment, il frotte sa tempe droite, comme si un mauvais souvenir tentait de revenir à l’assaut, mais il le chasse d’un mouvement de tête. Se concentrer sur le passé n’était pas quelque chose de sain, selon Zero. Surtout lorsqu’il était douloureux et que la moitié avait été oubliée. Ne pas se rappeler, mais ne pas pardonner non plus. C’est pourquoi il restait méfiant de l’autre, même s’il considérait la possibilité que maintenant ils se retrouvaient dans la même merde. Il ne put s’empêcher de se demander de quoi pouvait bien se souvenir l’ex-scientifique. Il a un léger sursaut lorsque les lèvres de l’autre effleurent son oreille. Bon, ils n’avaient jamais été si proche que ça non plus. Une récompense? Il fronce les sourcils, va pour tourner la tête vers l’autre. Il ne l’avait pas pris au sérieux avec sa sucette, donc de quoi pouvait-il bien parler. « Quo-...? » Il n’eut pas le temps de finir sa question que l’autre lui disait de fermer les yeux.

Zero cligna des yeux quelques fois avant de les ferme lentement, et tendant l’oreille. Il ne faisait pas confiance à l’autre le moins du monde soudainement. Il écoutait chacun de ses mouvements, l’entendant d’abord s’éloigner puis le bruit de la grille. Non mais. Il ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil rapide. Juste question d’être certain qu’il ne s’agissait pas d’une arme. Rassuré, bien qu’il n’ait pas vu exactement ce que l’autre avait attrapé, il referme aussitôt les yeux, mine de rien. Il l’entend se replacer devant lui et lui donner de nouvelles instructions. Nouveau froncement de sourcils. Ouvrir la bouche? C’est pas le genre de truc que n’importe qui lui disait de faire. Avec un petit mouvement de recul et une moue totalement incertaine, il s’exécute tout de même, entrouvrant les lèvres et se demandant pourquoi il écoute les instructions de quelqu’un en qui il n’a aucune confiance.

Le goût sucré lui fait rouvrir les yeux, surpris. Un goût qu’il n’a pas eu depuis des années, mais qui lui est si familier qu’il en est presque réconfortant. Il laisse fondre le chocolat sur sa langue comme pour faire durer le plaisir de cette surprise, considérant un moment pourquoi tant de cobayes passaient dans le bureau de Na Yeong pour avoir droit à ce genre de sucreries, alors que lui refusait de se laisser attendrir. Il ne souhaitait pas se faire acheter avec des bonbons. Il refusait de se faire acheter. Mais il devait bien avouer qu’il s’agissait là d’une surprise bien appréciée. Il ne se rappelait pas aimé le chocolat, mais il était bien ravie d’y avoir goûté à nouveau, bien que cette sucrerie venait d’une personne qu’il considérait comme déplaisante.

Il regarde Angel qui se trouve alors devant lui. Effectivement, il avait oublié ce goût, mais maintenant ça lui revenait. Peut-être un peu trop sucrée à son goût, mais pas désagréable. Il fronce les sourcils au commentaire de l’ancien scientifique. Un gentil docteur, lui? Il en rit presque. Il avait été tout sauf gentil avec eux après le fameux incident. Mais comme il va pour ouvrir la bouche et faire un commentaire sur le choix des mots, Angel glisse son pouce contre ses lèvres, le faisant reculer de surprise. Juste d’un pas. Peu habitué par ces façons de se faire toucher par lui. De toute façon, Zero n’a été qu’habitué à la douleur et les expériences terrifiantes. Mais alors qu’il s’éloigne, l’autre se rapproche encore, posant une main sur son torse nu, le faisant frissonner. « Aller raconte-moi maintenant qui tu es, tes petits secrets, ce dont tu te souviens. On va être coincé ici ensemble pour un bout de temps alors autant faire plus ample connaissance.À moins que tu n’ais envie d’autre chose chéri ?  »

Le jeune cobaye lui attrape le poignet, pour le repousser avec peu de douceur. Le message doit être très clair. « Comment on t’appelles maintenant? » demande-t-il, haussant un sourcil.

Le jeune cobaye le fixe, de marbre. Angel, hein. Un ange de la mort, oui, sûrement. Mais cet homme n’a rien d’un ange, au contraire. Aux yeux de Zero, c’est un connard. Un connard qui a eu le coeur brisé et qui a tout rejeté sur les autres. Alors, non, il ne trouvait pas ça joli. Il ne trouvait même pas l’ironie de ce nom amusante. Il pensait plutôt que celui qui lui avait donné ce nom devait avoir un problème dans son crâne. Mais après tout, n’importe quel employé de ce stupide laboratoire pourrait correspondre à une telle description. Alors il le fixe, stoic, ne se laissant pas attendrir le moins du monde par la mine triste de l’autre qui, il suppose, n’est qu’une ruse. Il hausse un sourcil, pas par intérêt, mais par incrédulité en l’entendant se plaindre de ce que les autres font, comme s’il n’était qu’une victime innocente, sur laquelle tout le monde s'acharne. Vexé, seul.

Gardant son sourcil haussé au sourire qui semblait se vouloir complice, il écoute sa demande qu’il lui parle de lui. Comment il s’est retrouvé ici, coincé avec un ex-psychopathe.  « C’est simple. Je fous la merde. » répond-t-il en haussant les épaules. Zero n’a jamais été un grand bavard, après tout. Encore moins lorsqu’il doit discuter avec quelqu’un en qui il n’a pas confiance ou qu’il n’apprécie pas particulièrement. Alors il était décidé à dire le moins de choses possibles à l’autre. Il le fixait, comme s’il tentait de définir ce qu’il pensait. Décidément, la confiance serait difficile a établir entre eux, mais malgré tout l’autre était un cobaye maintenant. Il était incertain de ce qu’il devait faire. Il le détestait. Mais peut-être que s’allier avec lui serait bénéfique. Il tend donc une perche, bien que minuscule, et répond à une des questions que Angel avait posé.  « Vous m’avez nommé Zero. »

Bien sur qu’il attirait l’attention sur lui. Tout le temps, sans arrêt. Il foutait la merde et s’attirait les ennuis. Mais aussi, il savait qu’il ne sortirait jamais d’ici. Il avait accepté cette réalité depuis longtemps. Alors il attirait l’attention, surtout si ça permettait à d’autre de filer plus subtilement. Alors il acceptait volontier que les spots soient sur lui, comme ça aidait les autres. Il pouvait encaisser et c’est ce qu’il faisait. Mais aussi par plaisir de simplement ennuyé les employés de ce stupide laboratoire. Il écoute l’autre avant de lui répondre, se penchant pour ramasser ses vêtements. « Vous, car je ne sais pas qui de votre bande de psychopathe m’a donné ce nom. »

Il écoute quand même ce que Angel a à lui dire. Il l’écoute de plaindre et parler comme s’ils devaient devenir allié à l’instant même. Mais Zero ne faisait pas confiance si facilement. Ça lui prenait beaucoup pour faire aveuglément confiance. Et l’homme devant lui partait avec un pied en arrière ; il avait été un de ses bourreaux. Un de ceux qu’il avait détesté de chaque fibres de son corps. Un de ceux qui lui avait fait du mal, bien sûr, mais qui avait surtout fait du mal à ceux proche de lui. Et il savait qu’il n’arriverait jamais à pardonner. Si ils devaient s’allier, ce serait à contre-coeur. Mais il le ferait surement quand même. Car à plusieurs, ils seraient plus forts. Il enfile son pantalon alors qu’Angel lui parle d’une trêve. Il serre les dents et clairement la proposition ne lui est pas séduisante. Bon, l’ex-scientifique à un point; il est dans le même camp que eux maintenant qu’il a été trahi par les siens. Mais quelque chose dérange le jeune cobaye. « Une trêve, hein. Dis-moi donc pourquoi tu veux jouer les gentils copains avec moi et j’y penserait peut-être. »

Il tend l’oreille pour écouter les excuses que l’autre essaye de lui vendre, se penchant pour attraper le chandail qu’il avait jeté dans un coin de la pièce. Il rigole d’abord alors que l’autre lui dit qu’il ne le force à rien. Auparavant, il ne lui demandait pas beaucoup son avis, déjà, qu’est-ce qui lui disait qu’il le lui demanderait cette fois? Il met un premier bras dans la manche, mais s’arrête à mi-chemin. Il a trop chaud pour avoir envie de remettre le vêtement. Zero ferme les yeux quelques secondes, n’entendant même plus ce que l’autre lui dit. Il avait senti quelque chose d’étrange plus tôt, mais avait mis ça sur le compte de la fatigue et des blessures. Mais c’était autre chose. Et il ignorait ce que c’était. Son cerveau semblait s’enfoncer dans un brouillard. Son cœur battait plus fort que la normal. Il eut un léger soupire avant de rouvrir les yeux, entendant enfin lorsque l’autre lui demande si ça va.

Il tourne les yeux vers Angel, se reculant vers le mur quand l’autre s’approche. Il a envie de le traiter d’imbécile quand il mentionne une allergie, mais se ravise. « Pas de ce que je sache… » lui répond-t-il plutôt à mi-voix. Il supposait plutôt quelque chose qu’il n’aurait pas dû avaler. Quelque chose surement chimique. Une drogue quelconque. Il jette un regard accusateur à la seule autre personne qui aurait pu lui faire avaler ce genre de truc. « Qu’est-ce que tu m’as donné? » Il se colle plus au mur, se laissant glisser au sol. Son souffle se fait plus laborieux, mais ce n’est clairement pas un problème respiratoire.

Le jeune cobaye ferme les yeux, penchant la tête vers l’arrière pour la coller contre le mur. Ne bouge pas, il est marrant celui-là. Zero était loin d’avoir envie de bouger en ce moment. Son corps entier semblait tendu, frissonnant. Il ramène ses jambes contre lui, les entourant de ses bras. Bon, il se doutait un peu de l’effet qu’il y avait maintenant. C’était pas une sensation qui lui était totalement inconnue, au contraire, mais ce n’est pas le genre de sensation qu’il s’attendant à avoir dans cette situation. En isolement avec un ancien bourreau, probablement avec des yeux de scientifiques collés sur eux pour voir ce qui se passerait, puisque ces vipères n’étaient jamais bien loin.

Le cobaye entrouvre les yeux pour jeter un regard à Angel lorsqu’il parle à nouveau. Il ne se laisse pas attendrir par la tentative cavalière de l’autre pour lui prouver que ce n’est pas sa faute. « Inutile… » marmonne-t-il. Il s’en fiche un peu qu’il en prenne ou pas. Il décide simplement de ne pas le croire pour le moment. Leur trêve n’était pas encore arrivée et Zero se doutait que ça prendrait un peu de temps avant que ce soit le cas; et goûter un chocolat recelant une drogue n’était pas le moyen d’y parvenir. Il se redresse un peu, échappant un gémissement qu’il tente de couvrir aussitôt de sa main.

Le jeune cobaye serre sa main contre ses lèvres, fermant les yeux, décidant d’ignorer la question de l’autre et tentant plutôt de se calmer. Son corps entier était à la merci de sensation que, bien qu’il les connaissait, il n’avait pas spécialement envie de ressentir en ce moment. Après tout, le jeune homme avait eu un amant ou deux malgré son arrivée au laboratoire - et il supposait que auparavant aussi c’était quelque chose qu’il avait expérimenté, son corps semblant déjà habitué de ressentir ce genre de choses. Mais il préférait les ressentir quand il en avait envie et non lorsque qu’on lui faisait avaler une drogue quelconque. Les doigts de l’ancien scientifique se pose sur sa main, la retirant de contre sa bouche, et ce simple geste est assez pour le faire frissonner.

Il rouvre les yeux, posant son regard sur l’autre, puis couvrant aussitôt sa bouche à nouveau, de son autre main. Hors de question que Angel l’entende faire un seul autre bruit du genre. Angel continue de parler, lui fournissant des informations qu’il n’a pas la tête à entendre même si elles font du sens - après tout, il était vrai que Zero n’était pas très grand ni très lourd. Le dosage, si il avait été prévu pour Angel, devait être excessif pour sa corpulence. Le scientifique touche son visage, et le jeune cobaye ne peut s’empêcher d’approcher légèrement son visage du sien, cherchant le contact de ses doigts, alors que lui observe ses yeux.

Puis les doigts glissent le long de son bras, créant de nouveaux frissons sur sa peau et le faisant inspirer d’un coup. Les caresses, bien que pratiquement imperceptible, semblent lui couper le souffle, le corps entier tendu, réceptif aux moindres frôlements. Il déteste la sensation, cette perte de contrôle sur ces envies qu’il ne préférerait pas avoir en ce moment, créée uniquement par une drogue avalée malgré lui. « Non... » souffle-t-il à mi-voix. Et bien qu’il répond par la négative, son corps semble plutôt en dire le contraire, les caresses lui faisait visiblement un bien qu’il ne voulait pas ressentir.