Himura Shigure - Pour l'amour de la science...

Il parait que je n’ai pas toujours été comme ça. Je ne saurais vous dire si c’est vrai ou non. Il s’agit d’appréciation et d’évaluation subjective d’individu faisant parti de mon cercle intime depuis un certain temps. De mon côté, je ne jure que par les faits. Et les voici :
Je suis né le 5 mai 1978 par fécondation in vitro dans un laboratoire de Kanagawa. Mes parents étaient scientifiques et on peut dire que d’une certaine manière j’ai passé toute ma vie au milieu d’éprouvettes et de tubes à essaie. J’étais l’expérience parfaite pour deux fous de science qui étaient unis par le même but : créer un être humain répondant aux critères qu’ils avaient sélectionnés. Étais-je une réussite ? Je l’ignore. Toutes leurs notes, leurs recherches et leurs archives sont partis en fumées dans l’incendie au cours duquel ils ont trouvé la mort. Cependant je me souviens que ma mère disait souvent que j’étais envers et contre tout, né du fruit de leur amour.

Rassurez-vous je n’ai pas été traumatisé par la mort de mes parents. J’étais déjà adulte lorsque c’est arrivé et il parait que j’avais déjà commencé à changer à l’époque…

Je n’ai connu que les écoles privées et les cours particuliers. Mon QI bien plus élevé que la moyenne m’empêchait de toute manière d’avoir une scolarité ordinaire. J’étais un enfant calme, facile à vivre et obéissant. Il n’y a je crois, pas grand-chose à dire si ce n’est qu’à 22 ans j’ai épousé une femme de dix ans mon ainée. Elle n’était pas scientifique. Elle ne travaillait même pas dans le domaine médical. Elle était professeur de violon.  Nous nous sommes rencontrés au conservatoire lorsqu’elle y était encore élève et que nous y prenions ensemble des cours. Alors d’une certaine manière, je l’ai toujours connu. L’épouser était une évidence pour moi. Nous sommes restés marié cinq ans. Ensuite, elle est morte d’une tumeur au cerveau. Personne n’avait rien vu venir, pas même moi. Ses migraines auraient pourtant dû m’alerter…

L’année suivante mes parents sont morts dans l’incendie qui a ravagé leur laboratoire.

À 28 ans, j’avais tout perdu ou presque. Il ne me restait plus que mon travail et c’est à partir de ce moment que je m’y suis plongé sérieusement.

Je ne m’étendrais pas sur mes deux mariages suivant qui se sont chacun soldés par un divorce. J’aime les belles plantes et j’ai appris que la vie est trop courte pour ne pas profiter de chaque beauté qu’elle a à offrir. Homme ou femme, je n’ai pas vraiment de préférence. Pour moi le sexe est une question de pouvoir et j’aime dominer. Avoir le contrôle est quelque chose de particulièrement jouissif, aussi bien dans l’intime que dans ma vie professionnelle.

Si je ne devais citer qu’un seul de mes travaux je parlerais du projet japonais baptisé « Chimère » qui a conduit mon équipe à implanter des gênes humains dans des embryons d’animaux avec pour finalité le développement d’organes viables et compatibles pour des transplantations humaines. Et dieu sait à quel point le Japon manque de donneur en la manière.

Quant à mon implication en Corée, je dirais que pour mener à bien mes propres recherches souvent peu éthiques, j’ai besoin de financement, voilà pourquoi j’ai accepté d’être consultant et d’encadrer quelques expériences ici à Séoul et je dois dire que je ne pensais pas m’y amuser autant.