S’il y a bien une chose que j’ai appris ici, c’est que le temps n’existe pas et que la patience est la plus grande qualité que nous pouvons cultiver et développer. Attendre le bon moment, c’est de toute façon la seule chose que nous pouvons ici. Ça et subir leurs expériences toutes plus douloureuses et stupides les unes que les autres. Bien sûr certains scientifiques fond preuve d’esprit mais la plupart sont de sombres crétins qui se contentent de jouer les bouchers pour satisfaire leur pulsion sadique.

Il fut une époque où moi aussi je portais une blouse blanche mais même si je ne me souviens plus de cette époque, je suis certain d’une chose, je faisais ça pour la science et pas pour le plaisir de découper des gens en petits morceaux. Pourtant j’en ai blessé un certain nombre et je le vois dans les regards remplis de terreur que certains me lancent. J’ai toujours trouvé ça satisfaisant, ça me donnait une certaine assurance et j’en étais venu à brosser un portrait de moi ou plutôt de ce que j’avais pu être particulièrement satisfaisant.

Mais ça c’était avant de le rencontrer et depuis qu’il est entré dans ma vie, je dois dire que c’est à présent un joyeux bordel dans ma tête au point que je n’en trouve plus le sommeil. Qui est-il réellement ? Qui suis-je vraiment pour lui ? Pourquoi est-ce que je me sens si grotesque et ridicule quand je pense à lui ? Ces sentiments qui m’envahissent, non ce n’est pas moi ! Je ne suis pas comme ça ! Et ça m’énerve ! Tellement qu’il faut que je découvre le fin mot de cette histoire.

Je n’ai pas arrêté de penser à lui. Il a les réponses à mes questions. Il sait qui je suis vraiment ou plutôt qui j’étais à moins que ça ne soit une nouvelle expérience ? Je n’arrête pas de retourner ça dans ma tête mais plus j’y réfléchis et moins j’arrive à me faire une idée sur lui, sur moi… et peut-être sur nous. Nous ? C’est ridicule et je rejette autant que possible cette pensée chaque fois qu’elle effleure mon esprit. Bélial qu’est-ce qui te prend ? Non, ça ne me ressemble pas…

Je l’ai observé de loin, discrètement, essayant de comprendre sa routine de ménage. Même quelque chose d’aussi simple, je n’y arrive pas. Je ne sais pas si c’est moi qui ai du mal à me concentrer ou si c’est lui qui fait n’importe quoi. En tout cas c’est tapis dans l’obscurité d’un couloir de l’aile Est, que je l’attends. Je compte obtenir les réponses à mes questions même si je dois le faire par la force.

Faute de lame, j’ai réussi à me procurer un manche de brosse à dent taillée en pointe. Si je le presse contre sa gorge, ça devrait le dissuader de bouger et l’obliger à me parler. Ce n’est pas mon genre d’employer la force. Je préfère user d’autres méthodes mais ce type, il me fait perdre complètement mes moyens alors je n’ai pas le choix.

La caméra de ce secteur est défectueuse. Je le sais de source sûre. C’est pour cette raison que j’attends qu’il passe par ici depuis un moment déjà. Restant caché, j’attends qu’il passe devant moi avant de me glisser dans son dos. Passant un bras autour de ses épaules, je presse la pointe de mon arme contre sa gorge et lui murmure dans le creux de l’oreille :
« Il faut qu’on parle. »

Voilà plusieurs mois que son objectif premier a changés, non, il ne veut plus retrouver sa sœur, enfin pas tout de suite, mais il veut aider Seung Min à sortir de là. Pourquoi ? Par culpabilité ? Sans doute, est ce qu'il aime encore ? Il n'en sait rien, mais le savoir là-bas lui brise le cœur. C'est sans doute pour ça qu'il lui ramène de temps en temps du chocolat, ou des choses qui pourraient l'aider à retrouver la mémoire, parce que oui, le brun ne semble plus se souvenir de leur vie d'avant. Chose qui lui fait horriblement, mal aussi. C'est sans doute pour ça qu'il s'occupe au mieux du plus vieux, car quand ils étaient plus jeunes, c'était bien l'inverse et ça, Seong ne pourra jamais assez le remercier. Commençant sa journée au labo comme à son habitude à 7:00 du matin, le jeune homme range ses affaires dans son casier avant de faire le tour des installations.

Sauf que voilà, il ne tarde pas à se faire menacer, morceau de bois sous la gorge, il ne tarde pas à reconnaître la voix de Seung Min, heu non, pardon, Bélial... Aaaaah comment c'est difficile de se dire qu'il a une personne différente en face de lui ! Ou dans le cas présent, derrière lui.... Poussant un long soupir, il n'hésite pas à désarmer Bélial et à le foutre au sol, genoux sur son ventre, il reprend la parole d'un ton assez autoritaire.

"Si quelqu'un serait passé tu aurais été dans de beaux draps."

Plantant son regard dans le sien, il se retient de venir lui caresser la joue et préfère se relever avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever. C'est une fois le cobaye sur pied qu'il fouille dans l'une de ses poches avant de sortir un petit père Noel en chocolat au lait. Baissant les yeux vers le sol, il tend le chocolat à Bélial avant de reprendre la parole.

"Je ne pouvais pas t'en prendre un plus gros.... Je n'aurais pas pu le cacher..."

Il sait que Seung Min raffole du chocolat, et même s'ils n'ont pas le même caractère les goûts ne changent pas et avec ce père Noël, il est sûr de faire plaisir au brun. Attendant qu'il le prenne, il jette un regard derrière lui avant de pousser Bélial dans le débarras. Esquissant un sourire, il s'assoit dans un coin et sort son portable, ou plutôt son vieux portable du lycée avant de le tendre au coréen.

"Ce sont des photos et des SMS, si tu veux, on peut les voir ensemble."

Oui, il fait tout pour qu'il se souvienne de son lui d'avant, mais pas que, il veut aussi qu'il se souvienne de leur relation et qu'il l'insulte et le frappe pour avoir été un aussi gros connard..

Avant que je ne comprenne ce qui m’arrive, je me fais non seulement désarmer mais je me retrouve également au sol, son genou posé contre mon torse, m’empêchant ainsi de bouger. Bon sang ! Mais qui est ce type ? Il est aussi fort… non il est certainement mieux préparé que la plupart des gardes que j’ai pu croiser. Ce n’est pas un homme de ménage et il est peut-être temps que nous ayons une petite discussion lui et moi.

Je ne réponds pas à ses paroles. J’avoue que je suis un peu vexé de m’être fait avoir si facilement. J’étais pourtant sûr de mon coup mais on dirait que je l’ai sous-estimé mais ça ne se reproduira plus. Il se redresse et lorsqu’il me tend la main, j’hésite un instant avant de la prendre. Il a heurté mon égo mais je m’en remettrais. Vu ce qu’on m’a déjà fait subir, ce qui vient de se passer, ce n’est pas grand-chose. Et puis comment lui en vouloir alors qu’il m’a apporté du chocolat. J’essaie d’avoir l’air indifférent quand il me le donne mais c’est plus fort que moi. Je n’arrive pas à réprimer ce petit sourire qui essaie de naitre aux coins de mes lèvres. Le chocolat est mon péché mignon et je dois avouer qu’il sait comme m’amadouer. Heureusement qu’Oz ne me voit pas, sinon j’en entendrais parler pendant longtemps.

Alors que je commence à déballer le petit Père-Noël, il me pousse vers un débarras et je me laisse docilement faire. Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons installés à l’abri des regards indiscrets. Je croque dans le chocolat et regarde ce qu’il me montre. On dirait de vieille photo et je m’y reconnais même si j’ai l’air beaucoup plus jeune. Je lui tends le père-noël pour qu’il y croque à son tour. En général je ne partage pas mon chocolat mais avec lui, je veux bien le faire. Je lui prends alors le portable des mains et fais défiler les photos.
« On dirait des ados. On se connait depuis si longtemps ? On avait l’air proche. La première fois qu’on s’est vu, tu m’as dit que j’avais été ton premier baiser. On sortait ensemble ? »
Voilà qui a le mérite d’être direct mais j’ai besoin de réponse et il n’a pas intérêt à tourner autour du pot parce que même si son histoire à l’air vrai, j’ai le sentiment qu’il me cache quelque chose.

On peut dire que Bélial ne tourne pas autour du pot, ne sachant pas trop quoi répondre les joues de Seong s'empourprent rapidement et c'est le regard fuyant qu'il hoche la tête avant de prendre un bout de chocolat. Sentant son ventre se nouer il vient sans doute de comprendre que Seung Min n'est vraiment plus là. Lui qui pensait ne jamais le perdre, il a bien l'air con et surtout il a mal, tellement mal, il l'a perdu et il est définitivement parti. Il est parti avec en tête que Seong ne l'aimait pas, Seung Min n'est plus là, ses câlins, sa chaleur, sa présence réconfortante et protectrice, toutes ces choses qu'il aimait tant ne sera plus jamais là. Il voudrait parler, lui donner des explications, mais sa gorge est tellement serrée que rien ne sort, hormis des sanglots qu'il n'arrive pas à contrôler. Passant sa main sur ses yeux, il essaie tant bien que mal de reprendre.

"Par.... Pardon..."

Et c'est à ce moment qu'il craque, qu'il se laisse tomber au sol, longeant le mur, il se met à pleurer sa main posée sur sa bouche pour étouffer ses sanglots, il vient de comprendre qu'il a définitivement l'amour de sa vie. Sentant son cœur lui faire mal, horriblement, mal, il essaie de se calmer, il ne doit pas se taper l'affiche et surtout, il ne doit pas se faire prendre. C'est sans doute pour ça qu'il essaie de se calmer, hoquetant de temps à autre, les larmes commencent à sécher sur ses joues alors qu'il pose sa main sur son front pour fermer les yeux et se tranquilliser.

"Je te ferais sortir d'ici je te le promets"

Il doit bien ça à Seung Min non ? Esquissant un sourire à Bélial, il se doute que la situation doit être des plus gênantes pour lui et c'est sans doute pour ça qu'il se lève. Il le reverra demain, il lui doit lui ramener un autre père Noel, il tend tout de même sa main vers lui pour récupérer le portable.

Je ne comprends pas sa réaction. Il rougit et fuit mon regard pour finalement me répondre par un simple hochement de la tête. On était ensemble pourtant on dirait qu’il me cache quelque chose même si je ne pense pas que ça ait un rapport avec mon internement ici. Non, s’il avait été responsable de ma condition de cobaye, il n’aurait pas été aussi surpris lorsqu’on s’est vu pour la première fois. A moins qu’il me croyait mort ? Non ça ne tient pas debout.

Alors que je l’observe, je vois sa main passer devant ses yeux. Est-ce qu’il pleure ? Je ne peux pas m’empêcher de froncer légèrement les sourcils alors que je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. Je n’aime pas cette situation. Je la trouve malaisante et surtout je ne sais pas ce qui convient de faire. Si ça avait été un cobaye, je l’aurais secoué en lui demandant de se reprendre, sans me soucier de le blesser mais avec lui je ne peux pas faire ça. J’ai besoin de lui. J’ai besoin qu’il m’aide à sortir d’ici et puis il y a ce poids que je ressens dans l’estomac quand je le vois dans cet état.

Il pleure et moi je reste planté là, incapable de savoir quoi faire. Je me sens mal et ça m’énerve car je ne suis pas aussi empathique en général. Et lui, qu’est-ce qu’il attend de moi ? Il pense sérieusement qu’un cobaye qui subit toute sorte d’expérience toutes plus douloureuses les unes que les autres, est capable de savoir comment réconforter quelqu’un ?

Alors que je suis encore en plein tourment, il se ressaisit et se lève avant de me tendre la main. Quoi ? Il veut son portable ? Il en est hors de question ! Il n’a pas le droit de s’en aller comme ça. S’il croit qu’il va pouvoir s’en tirer de cette façon il se trompe lourdement. D’ailleurs plutôt que le téléphone, c’est ma main que je glisse dans la sienne pour m’aider à me relever puisque je m’étais assis par terre un peu plus tôt.
« Tu t’en vas déjà ? Tu ne crois pas que j’ai le droit à plus d’explication ? »
Mes doigts se referment sur sa main et voilà que je le tire vers moi avant de reprendre d’une voix tremblante d’émotion. De colère peut-être, je ne sais pas très bien.
« Pourquoi ça te fait pleurer de parler de notre histoire, hein ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu sois si triste ? Pourquoi tu ne m’as pas cherché avant ? Réponds-moi, j’ai besoin de savoir. »
Inconsciemment, je me suis rapproché de lui, effaçant petit à petit la distance qui nous sépare tout en gardant sa main dans la mienne. D’ailleurs mes doigts se sont entrelacés aux siens et mon visage se tient désormais si près du sien :
« Dis-moi ce que j’ai fait de mal pour te faire pleurer ? »
Et j’aimerais aussi savoir pourquoi ça me fait si mal de le voir dans cet état…

Il ne s'attendait pas à ça, non, il ne s'attendait à avoir Bélial si près de lui, entrouvrant la bouche il s'apprête à reprendre la parole, mais rien ne sort. Pourquoi ? Parce que ses paroles restent coincées au fond de sa gorge. Merde, non, il ne doit pas pleurer une nouvelle fois... Concentre sur quelque chose d'agréable...Voilà, comme son visage par exemple, aah il ressemble tellement à Seung Min.... Passant sa main de libre sur sa joue, il arrive à se calmer suffisamment pour reprendre d'un ton plus calme mais rongé par les remords.

"Tout est ma faute..."

Laissant sa main retomber le long de son corps, il baisse les yeux vers le sol et se mord sa lèvre inférieure avant de reprendre la parole.


"Je t'ai rejeté de la pire des manières et je n'ai pas cherché à savoir comment tu allais."

Se mordant la lèvre inférieure de culpabilité, il ne peut s'empêcher de se défaire de l'emprise de Bélial pour venir passer ses mains autour de son corps pour l'enlacer. Le serrant fort contre lui et se doutant que merde ça doit être bizarre pour Bélial, il vient chuchoter à son oreille.

"Je te promets de te faire sortir d'ici."

Oui, un nouvel objectif vient clairement de s'imposer, il doit sauver Bélial, anciennement Seung Min. Finissant par reprendre son calme et par se détacher de lui, il recule de quelques pas tout en s'essuyant les yeux et repose les yeux vers le brun. Baissant les yeux au sol, il reprend la parole.

"Pardon, ça doit être gênant pour toi."

Tout est de sa faute ? Comment ça ? Bon sang ! Pourquoi ne peut-il pas se montrer plus clair ? Est-ce si difficile de me dire ce qui se passe ? La vérité est-elle trop difficile à raconter ? Quoi qu’il se soit passé entre nous, en admettant qu’il me dise la vérité, ne peut pas être pire que mon quotidien dans cet enfer. Entre ça et le fait d’avoir tout oublié de ma vie d’avant…
« Comment ça de ta faute ? »
Ses paroles suivantes ne m’éclairent pas plus. Il m’a rejeté ? Il n’a pas pris de mes nouvelles ? Dois-je comprendre par là qu’il est celui qui a rompu ? Mais pourquoi ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Est-ce que la noirceur de mon cœur lui aurait fait peur ? Si j’en crois ce que dise les autres cobayes, je n’étais pas tendre avec eux. Est-ce que c’est ça qui l’a fait fuir ? Ou bien ai-je commis une autre erreur ? Je le traitais mal ? Je le négligeais ? Est-ce que je l’ai trompé ?

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai envie de croire que je suis responsable de ce qui m’arrive. C’est plus facile parce que sinon ça voudrait dire que je ne peux pas lui faire confiance. S’il m’a abandonné une fois, qui me dit qu’il ne recommencera pas ?

Perdu dans mes pensées ou plutôt noyé dans ce flot de questions, je le laisse m’étreindre sans vraiment réagir. Je passe néanmoins mes bras autour de son corps, comme par réflexe et l’espace d’un instant son odeur vient chatouiller mes narines. Je ferme alors les yeux et prends une profonde inspiration pour garder mon sang-froid.
« Ce qui est gênant c’est de ne pas savoir pourquoi tu fais ça. Est-ce que tu fais ça parce que tu m’aimes encore ou parce que tu as pitié de moi ? Si tu fais ça par pitié ou culpabilité va-t-en et ne reviens plus jamais me voir. Je n’ai pas besoin de ta pitié ni de ta charité. »
Ma voix s’étrangle sous l’émotion. Je suis à la fois en colère et triste. Pourquoi triste ? Je n’en sais rien mais j’ai envie de l’entendre me dire qu’il m’aime encore et ça m’énerve car je ne suis pas si sentimental. J’ai toujours eu un cœur de glace. C’est comme ça que les autres me définissent ici mais lui, il est arrivé dans ma vie et a foutu le bordel dans ma tête avec ses sentiments.

Malheureusement, il n’a pas le temps de me répondre que des voix venant de l’extérieur se font entendre jusqu’ici. Je lui fais signe de ne pas faire de bruit et tend l’oreille. Ce sont des gardes et je crois qu’ils sont à ma recherche…

À sa question Seong se décompose, il ne sait pas quoi répondre, la vérité ? Il ne le sait pas lui-même, il serait incapable de qualifier ce qu'il ressent en ce moment même. Heureusement pour lui, des voix se font entendre, tournant la tête vers Bélial il le voit écouter derrière la porte. Ah oui, ils sont vraiment là pour lui... Reprenant rapidement ses esprits, il pose sa main sur son épaule et reprend la parole.

"Laisse-moi m'en occuper cache toi"

Me lui laissant pas le temps de répondre il prend la première chose qui lui tombe sous la main et sort de la pièce. Sachant parfaitement bien jouer la comédie il envoie les gardes sur une fausse piste prétextant n'avoir rien vu. Discutant plusieurs minutes avec eux, il s'en débarrasse rapidement lorsqu'il se permet de leur dire qu'ils sont à la recherche de quelqu'un. Les regardant partir, il attend quelques minutes avant de se tourner vers la porte où Seung Min, ah non, pardon Bélial où Bélial a trouver refuge. Posant la main sur la poignée, il prend une grande inspiration avant d'ouvrir la porte.

"Tu peux sortir."

Tendant sa main vers Bélial, il attend que ce dernier la prenne pour pouvoir le ramener dans sa cellule. Sentant cependant son cœur se serrer, car il aimerait le ramener chez lui ou lieu de là-bas il ne fait que se répéter que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne le sorte de là.

"Le prochain Noel, on le fêtera chez nous"

Nous ? Prenant la main de Bélial, il repense aux paroles de Seung Min, le fait qui voulait travailler pour qu'ils puissent avoir leur appartement. Aaah Seung Min, si tu savais comment il regrette d'avoir, était lâche ce jour-là, et si tu savais comment tu lui manques en ce moment. Serrant un peu plus la main de Bélial, il essaie de se souvenir des plans et d'un potentiel chemin peu emprunté.

Ils sont juste derrière la porte et s’ils me trouvent ici je vais avoir de sérieux ennuis mais Seong en aura encore plus. Pas le choix, je dois faire semblant de l’avoir attaqué et trainé ici, ce qui dans un sens est un peu vrai. Alors que j’élabore un plan pour qu’il ne finisse pas le restant de sa vie en cobaye comme moi, je sens sa main se poser sur mon épaule. Quittant brusquement mes pensées, je l’interroge du regard avant d’acquiescer à ses paroles. C’est certainement plus prudent comme ça. M’écartant de la porte, je vais me cacher au fond de la pièce et attends le cœur battant de savoir s’ils vont le croire. Pourquoi ne le croiraient-ils pas ? Pourquoi auraient-ils des soupçons ? Non tout ira bien pour lui et à cet instant je réalise que c’est pour lui que je m’inquiète le plus et ça m’énerve. Depuis quand ce parfait inconnu est-il devenu aussi important pour moi ? Je n’en sais rien et ça me fait peur.

D’où je suis, je n’arrive pas à entendre leur conversation. De vagues murmures me parviennent de temps en temps jusqu’à ce que la porte finisse par s’ouvrir à nouveau. Inconsciemment je ferme les yeux et me crispe jusqu’à ce que j’entende sa voix. Immédiatement je sens comme une douce chaleur m’envahir. Un sentiment que je n’assume absolument pas.

Je prends la main qu’il me tend et me lève tout en le suivant, persuadé qu’il sait où il va. Quand il parle de Noël, je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un sourire désabusé avant de lui répondre :
« Ne me fais pas de promesse que tu n’es pas sûr de tenir. Tout ce que je te demande, c’est de ne pas te faire prendre. J’ai déjà bien assez de soucis à survivre sans avoir à m’inquiéter pour toi. »
J’essaie de mettre un peu de distance entre nous comme si ça pouvait suffire à me protéger de ces sentiments qu’il fait naitre en moi. D’ailleurs j’aimerais le repousser mais tout ce que je fais c’est resserrer mes doigts sur sa main comme si j’avais peur qu’il ne disparaisse. En fait il me perturbe tellement que je ne sais plus vraiment où j’en suis ni ce que je veux vraiment.
« C’est par ici viens. »
Je laisse échapper un soupir avant de lui dire :
« Je connais cet endroit comme ma poche, depuis le temps que je suis ici mais toi, tu vas devoir m’expliquer comment tu as fait pour réussir à me désarmer si facilement tout à l’heure. Tu n’es pas un simple homme de ménage, n’est-ce pas ? »

Il ne comprend pas comment il peut penser ça, bien sûr qu'il pense ce qu'il lui dit n'ayant pas le temps de répondre, il se contente de hocher la tête et de laisser Bélial le guider. Baissant le regard vers leur main, il ne peut s'empêcher de sourire avant de reporter son regard vers le visage de Bélial, on dirait tellement Seung Min que ça en est troublant. C'est la voix de Bélial qui le sort de ses pensées et cette question le fait doucement rire, prenant une grande inspiration il s'approche doucement de Bélial et se penche près de son oreille pour lui murmurer.

"Je suis policier."

Un métier qui lui a pris son seul et unique amour, mais qui vient aujourd'hui le lui rendre. Reculant d'un pas, il plante son regard dans celui de Bélial ouvrant la bouche pour reprendre la parole avant de la refermer et de seulement aller poser ses lèvres contre son front fermant les yeux quelques secondes, il s'écarte de lui et bouge un peu sa main avant de lui lâcher.

"C'est par où ?"

Et déjà où est ce qu'ils vont ? Il n'en sait rien, mais il fait entièrement à Belial, car pour lui, il est le seul à pouvoir l'aider. Attendant sa réponse, il prend la direction indiquée par le brun faisant attention de ne rencontrer personne, il resserre un peu sa main sur la sienne avant de lui lancer.

"Ne fais confiance qu'à moi."

Chose qui doit aussi sembler logique à Belial non ? S'arrêtant en plein chemin, il serre un peu plus la main de Belial et regarde le sol. Ils vont le remettre en cellule non ? Se mordant la lèvre inférieure, il sent sa gorge se nouer et ne tarde pas à reprendre la parole.

"Ils vont te faire du mal pour te punir de t'être enfuis ?"

C’est d’abord son odeur qui vient chatouiller mes narines. Un parfum familier et réconfortant qui fait battre si vite mon cœur. J’aimerais pouvoir contrôler mon corps et l’empêcher de ressentir toutes ces choses à son contact mais c’est impossible ou plutôt c’est plus fort que moi. Je n’arrive pas à déterminer ce que je ressens clairement pour lui mais on dirait bien que mon corps lui sait, de quoi il s’agit.

Il est policier, voilà ce qu’il me murmure dans le creux de l’oreille et j’ignore pourquoi mais sa réponse sonne comme une évidence. Pourquoi quand il s’agit de cet homme, je me sens toujours un peu stupide. Comme si j’étais incapable de réfléchir correctement. C’est déstabilisant et ça m’effraie mais en même temps, je ne veux pas le repousser et qu’il cesse de venir me voir.

Je ne réponds rien à son aveu mais lorsque je sens ses lèvres contre mon front, je ne peux m’empêcher de fermer les yeux pour savourer cette sensation, me refusant néanmoins d’admettre que j’aurais préféré qu’il m’embrasse ailleurs qu’au front.

Sa main quitte la mienne et je ne cherche pas à la retenir. J’ai bien trop honte d’avoir aimé ce contact et puis je sais que ça ne serait pas prudent de continuer à lui tenir la main. Après tout, on pourrait nous voir et je ne veux pas qu’on s’en prenne à lui pour m’atteindre.
« C’est par ici. »
Il faut que je retourne dans ma cellule avant qu’on ne me tombe dessus. Ils savent déjà que je suis sorti mais je pourrais toujours leur mentir en inventant n’importe quoi d’un tant soit peu crédible. Ils sont de toute façon tous plus stupides les uns que les autres. Ils avaleront bien les mensonges que je leur servirais.
« Ne t’en fait pas j’ai appris à me méfier de tout le monde ici. »
Je devrais aussi me méfier de lui mais je n’y arrive pas. Je ne peux tout simplement pas. Ça n’a pas de sens et ce n’est pas rationnel mais c’est comme ça même si ça ne me ressemble pas.
« Arrête de t’inquiéter pour rien. Je vis ici depuis bien plus longtemps que tu ne crois. Je saurais survivre à ça. S’ils avaient voulu me tuer, ils l’auraient fait depuis longtemps. Je leur suis bien plus utile vivant que mort. »
Nous nous rapprochons de ma cellule et je n’ai pas envie d’y entrer. J’ai envie de rester avec lui mais ça ne serait pas prudent surtout que lorsque les gardes me tomberont dessus, ils ne seront pas tendres. Je les connais ce sont des brutes et même si j’inventes une bonne excuse pour ma disparition, je risque quand même de me prendre quelques coups. Cela dit, ce n’est pas grand-chose au regard de tout ce que j’ai vécu et traversé. Et puis si c’était pour le voir alors ça valait le coup.
« Ne reviens pas avant quelques jours. C’est plus prudent comme ça. »
En fait, ça laissera surtout le temps à mes blessures de guérir car je n’ai pas envie qu’il me voit dans un état pitoyable ni qu’il se sente coupable.

Il ne dit rien et se contente de le suivre, car après tout, c'est quand même lui qui connaît mieux les lieux. Regardant aux alentours, il essaie de mémoriser les le chemin, un chemin qui a l'air très peu fréquente et qui serait donc une bonne solution pour aller le voir sans se faire choper par les employés. C'est une fois devant la fameuse cellule qu'il se retient de l'attirer vers lui pour le câliner. Préférant bien mieux le pousser pour le faire entrer dans la cellule, oui, il ne doit pas se faire choper, c'est aussi dangereux pour Seong que pour lui cette histoire. Et c'est sans oser le regarder dans les yeux qu'il lui lance.

"Ce soir à 23:00 aux douches, je m'occuperais de tes blessures"

Car il le sait, il va être dans un bel état.... Reportant son regard vers Bélial, il lui esquisse un large sourire comme pour le rassurer et lui souhaiter bonne chance avant de lui tourner le dos et de partir. Il prendra le soin de ne pas trop s'approcher du coin où se trouve Bélial pour éviter d'avoir vent de ce qu'il est en train de subir. Il fera sa journée comme si de rien n'était se retenant d'aller voir le cobaye. Non, il doit attendre ce soir et heureusement pour lui la journée passe plus rapidement que prévu. C'est à 23:00 pétante qu'il se retrouve aux douches au fond de l'une d'entre elles, il entend des pas se rapprocher et très vite il comprend qu'il s'agit de Bélial.

"Bélial ? Est-ce que ça va ?"

Question bête en voyant son état et c'est sans doute sans attendre sa réponse qu'il vient le prendre par le bras pour le tirer contre lui puis au fond des douches pour se cacher. Le détachant de lui il le détaille quelques instants pour essayer de voir dans quel état il se trouve.

Pourquoi est-ce qu’il n’en fait qu’à sa tête ? Il n’a donc pas écouté ce que je viens de lui dire ? Je ne veux pas le voir avant plusieurs jours et lui, il me donne rendez-vous à vingt-trois heures ce soir. Comme si j’allais pouvoir m’échapper encore du dortoir pour lui montrer l’état pitoyable dans lequel je serais ! Je devrais lui dire que je ne viendrais pas et pourtant je garde le silence. Pire, j’hoche la tête comme pour lui confirmer le rendez-vous. Je gade néanmoins les lèvres serrées et entre dans la cellule dont je me suis échappé un peu plus tôt. C’est ici qu’on me garde entre deux expériences avant de me laisser regagner mes compagnons dans le dortoir. C’est ici qu’ils me trouveront quand Seong sera parti.

J’évite de le suivre du regard lorsqu’il s’en va et me contente de m’assoir contre la porte de ma cellule, écoutant simplement ses pas qui s’éloignent tout en fermant les yeux. Je ne les ouvre que lorsqu’on vient me chercher ou plutôt constater que j’ai regagné ma cellule. J’ai beau leur expliquer que c’est un garde qui m’avait emmené voir par erreur un scientifique, on a du mal à me croire et ce qu’on me fait, je préfère ne pas avoir à l’expliquer.

Je ne sais pas non plus combien de temps tout ça dure mais lorsqu’on me ramène dans mon dortoir, j’arrive à voir l’heure sur la montre d’un des gardiens. Il est presque vingt-trois heures. Seong doit certainement m’attendre du côté des douches. Vais-je l’y rejoindre ? Ce serait risqué et de toute façon je suis obligé d’attendre que les gardiens s’éloignent pour prendre le risque de me glisser hors de mon dortoir.

Combien de temps est-ce que j’attends tapis dans l’obscurité de mon dortoir ? Difficile à dire mais au bout d’un moment, je décide d’aller le rejoindre. J’ignore si je suis en retard et s’il m’a attendu. Je me déplace lentement et avec difficulté. Ces idiots n’y sont pas allés de main morte mais ce n’est pas la première fois que je suis puni et puis j’y survivrais.

En arrivant sur place, je ne le vois pas et l’espace d’un instant le doute m’envahit. Et si j’étais en retard ? Et s’il ne m’avait pas attendu ? Pire… et si tout ça n’avait été qu’un piège ? Mon cœur se serre à mesure que j’entre dans la pièce, passant de cabine en cabine jusqu’à entendre sa voix. J’aimerais vous dire que ça ne me fait absolument rien et pourtant, mon cœur bat bel et bien la chamade. C’est l’effet qu’il a sur moi et je n’arrive toujours pas à me l’expliquer.

Mon visage est douloureux mais ce n’est rien à côté de mon dos couvert de blessure et dont le sang colle mes vêtements. Pour des plaies aussi superficielles, ils n’ont pas pris la peine de me soigner. Ils savent qu’il en faut plus pour me tuer et c’est peut-être pour ça qu’ils s’en donnent à cœur joie.
« Tu n’aurais pas dû prendre le risque de venir. »
Voilà ce que je lui dis en me retenant à la porte de la cabine.
« Il faut que je lave et désinfecte mes blessures. Tu peux m’attendre dehors si tu préfères ne pas regarder. »
Sur ces mots, j’essaie de retirer le haut de mes vêtements mais le moindre mouvement m’est douloureux et puis le tissu s’est collé au sang séché ce qui n’arrange rien.

Comme il le pensait ça ne va pas, esquissant un petit sourire à sa dernière phrase, il préfère dédramatiser la chose plutôt que s'inquiéter et causer du soucis à Bélial. S'approchant doucement de lui, il lui prend les poignets et les pose le long de son corps avant de prendre le bas de son haut pour le soulever. Enlevant le haut de Bélial, il remarque tout de suite le dos blessé de ce dernier, mais pas que... Mon Dieu, il est couvert de cicatrices... Passant ses yeux sur le dos mutilé du brun, il sent son cœur se serrer quelques secondes avant de reprendre le contrôle. Pressant ses lèvres contre la nuque de Bélial, il ne tarde pas à reprendre la parole.

"Laisse-moi m'en occuper."

Sortant de sa poche du coton et de l'alcool, il presse un coton imbibé d'alcool sur ses plaies. Ce ne sera pas agréable, mais il n'a pas le choix non ? Il souffrira bien plus si ses plaies s'infectent n'est ce pas ? Se mordant la lèvre inférieure il ne tarde pas à entourer Bélial de ses bras cachant sa tête contre son cou, il profite de ce court moment avant de sortir la tête de son cou pour rependre la parole et lui lancer tout bas.

"D'habitude, c'est toi qui me soignes."

S'écartant de lui pour le laisser respirer et surtout pour ne pas le mettre mal à l'aise, il esquisse un petit sourire et soulève sa frange pour laisser apparaître sa cicatrice. C'est un grand sourire qui étire ses lèvres alors que ce dernier se souvient de leur premier baiser.

"C'est grâce à ça qu'on s'est embrassé pour la première fois."

Est-ce qu'il en parle comme si de rien n'était ? Oui, pour lui, avoir et aimé Seung Min ou Bélial, c'est une évidence, puis ici, entre ses 4 murs qui pourrait bien le juger ?

Il ne part pas au contraire, il pose ses mains sur moi et m’aide à retirer le haut de mes vêtements. Je grimace légèrement à cause de mes blessures mais ce n’est pas tout. Un étrange frisson parcourt mon corps au contact de ses doigts contre ma peau nue et meurtrie. J’aimerais dire que je n’aime pas ça et que c’est désagréable mais ce serait mentir. En fait, j’aimerais qu’il pose davantage ses mains sur moi mais c’est absurde. Ce n’est ni le lieu, ni le moment. Pourtant, je ferme les yeux et savoure le contact de ses lèvres contre ma peau. C’est si bon et en même temps ça me fait peur. Tout ces sentiments qui m’envahissent à son contact, c’est nouveau pour moi et puis ça pourrait être dangereux pour lui comme pour moi.
« Ce n’est pas très beau à voir. Je suis désolé. »
Mon corps est couvert de cicatrices et à présent qu’il peut me voir partiellement nu, je ne suis pas certain de lui plaire. Mon dieu ce que je peux me trouver idiot de vouloir plaire à ce type. Gardant les yeux fermés, je serre les dents lorsqu’il presse du coton imbibé de désinfectant contre mes plaies. J’ai connu pire et ce n’est pas le moment de faire ma chochotte.

J’ouvre les yeux et desserre les dents lorsqu’il reprend la parole. Sans que je ne sache pourquoi, un léger sourire se dessine sur mes lèvres :
« Vraiment ? J’imagine que c’est pour ça que j’ai voulu devenir médecin. »
Je n’en ai aucun souvenir mais malgré ma perte de mémoire j’ai gardé mes connaissances en médecine et c’est un indice sur qui j’étais, qui ne trompe pas. Seong s’écarte et je me tourne vers lui, observant la cicatrice qu’il me montre et lorsqu’il mentionne notre baiser, je sens une étrange chaleur m’envahir. Je ne suis quand même pas en train de rougir ? Gêné, je détourne les yeux sans rien dire. Je ne sais pas pourquoi je me sens tout d’un coup si mal. En fait, je ne sais pas comment réagir, ce que je suis sensé dire ou faire. Tout est si embrouillé dans ma tête que je finis par lui lancer presque désespérément :
« J’aurais aimé m’en souvenir et être capable de chérir moi aussi ce genre de souvenir. »
Quand j’y pense, ça me met en colère. Je n’ai rien auquel me raccrocher si ce n’est l’espoir de revoir Seong une prochaine fois en espérant qu’il ne m’abandonne pas ou qu’il ne se fasse pas prendre.
« Mais je n’ai rien. Ma mémoire est vide, effacée et ce n’est pas en me racontant tout ça que tu pourras m’aider à la retrouver parce que c’est impossible. Je ne sais pas ce que tu cherches ici mais Seung Min n’est plus là. Il n’y a que Bélial et tu crois vraiment pouvoir l’aimer ? »
En fait, je n’ai pas envie d’entendre sa réponse. D’ailleurs en sentant les larmes m’envahir, je finis par lui tourner le dos pour entrer sous la douche tout habillé, faisant ainsi couler l’eau sur mon visage pour noyer d’éventuelle larme traitresse. De toute ma vie, je ne me suis jamais senti aussi pathétique...

Lui qui pensait bien faire on lui parlant de sa vie d'avant il n'aurait jamais imaginé le blesser, et, pourtant, c'est ce qui vient de se passer. Est ce qu'il s'en veut ? Oui, bien sûr. Il s'en veut énormément et se contente de poser son regard sur lui alors que Bélial reprend la parole. Est ce qu'il serait capable d'aimer Bélial et d'oublier Seung Min ? Non, il est impossible pour lui d'oublier Seung Min. Il a été son premier amour la première personne qui a compté pour lui, mais il est son premier amour et pour l'être il doit bien y avoir un second ? S'apprêtant à reprendre la parole il écarquille un peu les yeux le voyant aller sous la douche tout habillé. Aaaah Bélial tu cherches à attraper la mort c'est ca ? Enlevant sa veste il s'approche de lui et coupe l'eau.

"Seung Min était mon premier amour, soit le dernier."

Sentant son coeur battre bien plus fort il hésite quelques secondes et vient doucement passer sa main sur sa joue. Posant son regard sur Seung Min il sourit tendrement avant de calmement reprendre.

"Faisons connaissance et tombe amoureux de moi."

Parce que lui il l'aime déjà, sans doute à cause de Seung Min et c'est sans doute pour ça qu'il veut apprendre à le connaître. Il doit faire le deuil de Seung Min, et aimer Bélial pour ce qu'il est ou ne pas l'aimer. Glissant ses mains sur sa taille il s'approche un peu de lui et colle son front au sien avant de lui souffler doucement.

"Je ferais de mon mieux pour ne pas te blesser."

Est ce qu'il fait référence à ce qu'il s'est passé ? Sans doute, mais ça Bélial n'est pas obligé de le savoir.

Ce qu’il ne comprend pas, c’est qu’il aime un homme qui n’existe plus et quand bien même je retrouverais la mémoire, je ne redeviendrais jamais comme avant. Pas après tout ce que j’ai vécu. Et ensuite ? Qu’est-ce qui se passera quand il réalisera qu’il est incapable d’aimer l’homme que je suis désormais ? Il m’abandonnera et j’en aurais le cœur brisé. Si c’est ce qui m’attend en sortant d’ici, je préfère encore finir mes jours dans ce laboratoire. Ça ne me ressemble pas de penser comme ça mais depuis qu’il est entré dans ma vie, je ne me reconnais pas tout court. J’étais connu pour être sans cœur et désormais celui qui m’a fait défaut pendant tout ce temps, bat à tout rompre dans ma poitrine pour cet homme qui s’approche de moi et qui coupe l’eau.

Je ne le regarde pas. Du moins pas tout de suite. C’est en entendant ses paroles qui font bondir mon coeur dans ma poitrine, que je tourne lentement la tête vers lui. Seong pose sa main contre ma joue et reprend la parole. Moi, je ne dis rien. J’en suis incapable. Pourtant j’aimerais lui dire tellement chose mais les mots se bloquent dans ma gorge. Tout ce que je suis capable de faire c’est fermer les yeux lorsqu’il presse son front contre le mien. Nous sommes désormais si près l’un de l’autre au point que nos souffles se mêlent. Un rien suffirait pour que nous nous embrassions et c’est ce que je finis par faire après lui avoir murmuré :
« Mais mon cœur t’aime déjà. Tu ne le sens pas battre dans ma poitrine ? »
Je guide sa main sur mon torse, au niveau de mon cœur pour qu’il puisse sentir à quel point il bat vite et fort pour lui. Sur ces quelques mots murmurés, je presse mes lèvres contre les siennes tout en cherchant l’accès à sa bouche avec ma langue pour pouvoir lui donner ce que j’imagine être un langoureux baiser. Le premier que j’offre depuis que je me suis réveillé sans souvenir et sans identité dans ce laboratoire.

Il ne s'attendait pas à cette réponse et surtout, il ne s'attendait pas à ce qu'il l'embrasse, retrouvant ces lèvres qui lui avait tant manquées, il trouve ce premier baiser bien trop court. S'apprêtant à l'embrasser une nouvelle fois il se stop lorsque Bélial reprend la parole et sa main. Il l'aime déjà ? Comment est-ce que c'est possible ? Enfin est ce que ce sont les sentiments de Seung Min ou bel et bien les siens ? Tellement de questions se bousculent dans sa tête, mais les lèvres du plus vieux viennent balayer chacune de ses questions. Rencontrant la langue de Bélial, il avance d'un pas, voulant se cacher le plus possible pour ne pas se faire prendre, poussant malgré lui le cobaye contre le bouton de la douche laissant l'eau couler sur eux. Ne se décollant de Bélial que lorsqu'ils n'ont plus d'air, il s'empresse de lui dire.

"Je te ferais sortir d'ici, je te le promets"

Embrassant sa joue, il esquisse un sourire et le tire hors de l'eau et retire son haut avant de le laisser sécher ouvrant les bras vers Bélial, il esquisse un sourire et reprend la parole.

"J'ai froid, viens."

Et c'est une fois dans ses bras qu'il pose sa tête sur son épaule, embrassant sa joue, il ne tarde pas à reprendre la parole.

"On ira doucement."

Le serrant un peu contre lui, il sent les larmes lui monter aux yeux, lui qui pensait enquêter sur la disparition de sa sœur jamais il ne se serait douté qu'il allait rencontrer Seung Min, ou plutôt Bélial ici. Est ce que s'il ne l'aurait pas rejeté et qu'il serait resté avec lui, il aurait pu lui éviter ça ? Sans doute pas, mais il aurait pu le retrouver beaucoup plus rapidement... Et c'est sans doute pour cela que son cœur lui fait si mal. Cachant sa tête dans son cou, il essaie tant bien que mal de retenir ses larmes qui forcent le passage et qui finissent par couler le long de ses joues.

Alors que nos lèvres se rencontrent, Seong se presse contre moi et me fait reculer. Mon dos vient cogner le mur mais surtout le bouton de douche qui active l’eau. Cette dernière ne tarde pas à s’écouler et à ruisseler sur nos corps qui s’étreignent pour la première fois. Du moins depuis que je suis devenu Bélial. J’aime la sensation de sa langue contre la mienne. Elle réchauffe doucement mon corps et me fait découvrir des envies que je ne pensais pas ressentir un jour dans ce laboratoire. J’en veux plus malheureusement l’air vient à manquer et Seong met fin à notre étreinte après un dernier baiser sur ma joue.

Nous sommes trempés et nous n’avons plus qu’à retirer nos vêtements pour ne pas attraper froid. Seong m’invite à venir contre lui pour le réchauffer et m’embrasse à nouveau sur la joue avant de se blottir dans mes bras. Sa peau est bien plus froide que la mienne et je ne tarde pas à remarquer qu’il pleure contre moi. Je n’ai jamais supporter les pleures et les jérémiades des autres cobayes. Alors je dois avouer que je ne sais pas quoi faire en remarquant que Seong est dans cet état. Est-ce que c’est à cause de moi s’il est si triste ? Quant à sa promesse… je commence à me dire que c’est une très mauvaise idée. Il n’aura jamais la force de la mener jusqu’au bout. Tout ce qu’il va faire, c’est se faire prendre. Pire, on pourrait l’utiliser contre moi et il est hors de question qu’il lui arrive quoi que ce soit par ma faute. Alors je décide de faire la seule chose que je sais parfaitement faire, me montrer méchant. Je ne le fais pas pour moi ni de gaieté de coeur, mais pour son bien.
« Aller doucement ? »
Ma voix est soudain plus froide. Plus dure.
« Si c’est pour qu’on s’embrasse sur la joue comme des gamins, non merci. Ne refais plus jamais ça. J’ai l’impression qu’on est camarade et pas amants. »
Puis rassemblant tout mon courage, je desserre mon étreinte sur son corps et le repousse pour pouvoir poser mon regard sur son visage plein de larme.
« Je ne sais pas ce que tu recherches avec moi mais je crois que tu te trompes à mon sujet. Je ne vais pas te consoler ni te tenir par la main en t’embrassant sur la joue. Je n’ai plus treize ans et je n’ai surtout ni le temps ni la force de m’occuper de qui que ce soit. Alors va-t-en si c’est pour jouer les pleureuses. Je n’ai pas besoin de ça. Pars et ne revient jamais. »
J’ai déjà trop à faire avec ma propre peine et mes propres ennuies. Je ne peux pas me permettre de m’inquiéter pour quelqu’un que je ne pourrais même pas protéger. La seule chose que je peux faire pour lui, c’est mettre fin à cette histoire qui commence à peine parce que je sais très bien comment elle va se finir. S’il lui arrive malheur par ma faute, je ne me le pardonnerais jamais. Alors je préfère lui briser le cœur que de le voir finir comme moi. Comme un rat de laboratoire.

Alors ça, on peut dire qu'il ne s'y attendait pas, il est tellement choqué qu'il ne sait plus quoi dire, est ce qu'il a mal ? Oui bien sûr qu'il a mal et c'est sans doute pour cela qu'il se mord la lèvre inférieure. Bélial a raison, il joue les pleureuses et il laisse ses sentiments prendre le dessus, il a raison, il n'est plus Seung Min et il ne pourra pas le consoler, mais est ce que c'est vraiment ce qu'il cherche ? À être consolé ? Non, pas du tout, il veut juste se sentir plus léger, laisser sortir toute sa culpabilité, mais encore une fois, c'est un choix bien trop égoïste. Qu'il parte et qu'il ne le revoit jamais ? C'est ce qu'il veut ? Après s'être embrassé ? Levant les yeux au ciel, c'est un regard plus que froid qui s'abat sur Bélial avant que le poing du policier ne s'écrase sur sa joue.

"Ouvre encore ta bouche pour dire des âneries et ce n'est pas qu'un coup de poing que tu vas te prendre."

Se levant, il ne prend pas la peine de regarder Bélial ni de s'excuser pour son geste plus que.... Inapproprié ? Oui, sans doute... Il se contente juste de porter sa main à sa bouche et de rire. Mon Dieu, pendant tout ce temps, c'était ça l'image qu'il renvoyait ? Un être faible qu'on a besoin de consoler ? Il est si... Pathétique ? Oui, il se sent pathétique et c'est sans doute pour ça qu'il lui lance.

"Ne te fais pas d'idées, je ne serais pas ici si j'étais une pleureuse."

Oui, il ne serait pas ici simplement parce qu'il n'aura jamais réussi à intégrer la police et c'est en s'agenouillant devant Bélial qu'il lui lance.

"Et te faire sortir d'ici n'a jamais été une option."

On peut dire que les paroles de Bélial l'ont bien réveillé et lui ont remis les idées en place, le moindre faux pas, la moindre erreur et ce n'est pas seulement lui qui peut avoir des ennuis, mais aussi Bélial. La culpabilité et les ressentiments, c'est bien, mais ce ne serait accepté qu'une fois toute cette histoire derrière eux.

Je n’ai jamais eu de scrupule à me montrer rude voir méchant avec qui que ce soit. Ce laboratoire est une sorte d’antichambre de l’Enfer où on ne doit pas faire de sentiment au risque d’y perdre des plumes. J’ai beau le savoir, je ne sais pas pourquoi ni comment c’est arrivé. J’aimerais que mon cœur arrête de battre aussi vite quand je suis avec lui. J’aimerais ne plus ressentir ce sentiment de bien-être et ce bonheur quand il est là, près de moi, qu’il me parle ou me touche. Tout ça ne me ressemble pas. Ou plutôt ça ne ressemble pas à Bélial. Mais lui, il est en train de me changer. Il est peut-être en train de me faire redevenir comme avant le black out mais je ne veux pas. Ou plutôt je ne peux pas me permettre. Ça nous mettrait tous les deux en danger et à cet instant je n’ai pas peur pour moi mais pour lui. C’est ironique quand on y pense. Bélial qui s’inquiète pour un autre. Bélial qui est peut-être tombé amoureux… Si Oz me voyait… Si Oz savait, je crois qu’il rirait de moi.

Je lui ai fait du mal et au moment où je réalise que cette vision m’est insupportable, il est déjà trop tard. Son poing s’abat sur ma joue, me faisant presque perdre l’équilibre. Heureusement, je suis assis et je ne peux pas tomber bien bas. Je me rattrape en posant une main sur le carrelage, retenant ainsi un équilibre précaire alors qu’une foule de sentiment contradictoire traverse mon esprit. J’ai ce que je veux. Alors pourquoi est-ce que je me sens si triste ? Si vide ? Si seul ? Pourquoi est-ce que j’ai envie de m’excuser, de m’accrocher à lui et de lui dire que je n’en pensais pas un traitre mot ? Bon sang Bélial ressaisit toi ! Tout ça ne te ressemble pas !

Me mordant la lèvre inférieure jusqu’au sang, je veille à ne rien dire ni faire. D’ailleurs je garde mes yeux baissés, incapable d’affronter son regard. Où est mon habituel arrogance ? Ma répartie ? Ma cruauté ? Tout ça s’est envolé et je ne relève les yeux qu’en entendant sa dernière phrase. Surpris, je l’interroge du regard sans être certain de comprendre ce qu’il vient de dire. Me faire sortir d’ici n’a jamais été une option ?
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Que tu n’en as jamais eu l’intention ? »
Un rire nerveux s’échappe de mes lèvres alors que je ne sais plus quoi penser de tout ça. De moi, de lui, de nous.
« C’était drôle pour toi de me faire croire que c’était possible ? Tu t’es bien amusé j’espère ? De tous, tu auras été le meilleur à ce jeu. J’y ai vraiment cru. »
Et c’est pour ça que ça fait mal mais je commence à me dire que j’ai bien fait de le repousser. Si je ne l’avais pas fait, ça en aurait été plus douloureux en découvrant la vérité.

Alors ça.... Il ne s'y attendait pas, mais alors vraiment pas, il ne comprend pas ce qu'il vient de lui dire ? Oui, on dirait bien.... Posant ses mains sur ses hanches il pousse un long soupir et baisse les yeux au sol se retenant de rire, il le laisse débiter ses âneries avant de relever la tête et de le regarder dans les yeux et lui lance.

"Tu n'as vraiment pas confiance en moi ?"

Posant sa main sur sa joue, il passe doucement ses bras dans son dos pour le pousser contre lui avant de rapprocher ses lèvres de son oreille et de lui chuchoter tout bas.

"Ça n'a jamais été en option, car c'est l'un mes objectifs premiers."

Embrassant sa joue, il vient poser son front contre le sien esquissant un large sourire et prenant ses mains, il ne tarde pas à rajouter.

"Ne me sous-estime pas s'il te plaît.... Fait moi confiance, je suis la seule personne ici qui peut te sauver"

Oui, il n'est pas ici pour rien, si on l'a envoyé ici, c'est qu'il a les compétences pour et qu'il est un très bon agent de terrain. C'est triste qu'il ne se souvient plus de tout ça. Lâchant une de ses mains pour la passer dans les cheveux du plus vieux avant de le serrer contre lui. Il ne doit plus se laisser aller et inquiéter Bélial, il ne doit plus non plus prendre cette histoire trop à cœur, il doit rester professionnelle et prendre ses distances pour pouvoir retrouver sa sœur et sortir Bélial de

Sa réponse me coupe dans mon élan alors que je sens mes entrailles se nouer douloureusement comme si j’avais reçu un coup de poignard. Je n’aime pas la manière dont il me regarde, ni comment il s’adresse à moi. Ça me blesse et me met en colère sans raison apparente. D’ailleurs je regrette tellement de m’être montré si dur avec lui et de l’avoir repoussé. Je n’aurais pas dû mais c’est trop tard et c’est certainement mieux comme ça. Je n’ai pas envie qu’il soit blessé par ma faute et voir à quel point je me soucis de lui me met tellement en colère ! Pourquoi est-il si important pour moi ? Après tout je ne le connais pas ! Il s’est peut-être montré gentil avec moi mais ça ne suffit pas… Sauf que je pensais sincèrement ce que je lui ai dit sous la douche tout à l’heure. J’ai beau l’avoir oublié et ne pas lui faire complètement confiance, mon cœur l’aime déjà. Comme si lui se souvenait de Seong.

Il pose sa main contre ma joue et je ne le repousse pas. Pas même quand il passe ses bras dans mon dos pour me pousser contre lui. A cet instant, mon cœur bat plus vite, plus fort et pour mieux profiter de cette étreinte, je ferme simplement les yeux.

Ses paroles ont quelque chose de rassurant et l’espace d’un instant je me laisse complètement aller dans ses bras, le laissant m’embrasser sur la joue alors que je lui avais interdit de le faire. Pourquoi ne comprend-il pas que je ne veux pas qu’il me sauve ? Je veux qu’il parte loin d’ici avant de se faire prendre. Est-ce qu’il va falloir que je l’insulte à nouveau ou que je le blesse physiquement pour qu’il comprenne ? J’en serais pourtant incapable. Je le sais à présent qu’il me serre de cette manière dans ses bras. J’ai d’ailleurs envie de m’excuser. Une première pour Bélial mais au lieu de ça, je l’écoute me parler et le laisse faire.

Pour toute réponse, je me détache légèrement de lui et pose ma main contre sa joue avant de lui dire d’une voix légèrement vacillante sous l’émotion :
« Je croyais te l’avoir dit ? Ne m’embrasse plus sur la joue. »
Et sans lui laisser le temps de me répondre, je presse fougueusement mes lèvres contre les siennes, cherchant à approfondir notre baiser en glissant ma langue dans sa bouche.

Il pense vraiment ce qu'il lui dit, il veut vraiment que Seung Min se repose sur lui, mais voilà, il sent son cœur se serrer lorsqu'il le sent le repousser. C'est à contre cœur qu'il le laisse se détacher de lui. Prenant une grande inspiration, il se prépare psychologiquement à toutes les horreurs que peut lui balancer Bélial et au lieu de ça, il le regarde. Son regarde plonger dans le siens rempli d'incompréhension alors que le plus vieux pose sa main sur sa joue et cette voix ? Pourquoi est ce que cette voix lui fait tant mal ? Fermant les yeux lorsqu'il sent ses lèvres contre les siennes, il ne perd pas de temps et le tire vers lui. Sa main dans son dos le poussant contre lui, il part tout de suite chercher sa langue. C'est bon... Tellement bon.... Le serrant contre lui, il le colle le plus possible à lui alors que sa langue part retrouver celle du brun. Ce n'est qu'à bout de souffle qu'il rompt le baiser, se retenant de sourire pour ne pas montrer à Bélial qu'il lui pardonne, il se contente de lui balancer.

"Ne joue pas avec moi."

Car oui, il ne pas le repousser, lui briser le cœur et lui dire de partir pour ensuite faire ça.... Allant prendre sa main, il baisse les yeux vers cette dernière alors que son pouce caresse le dos de cette dernière. Remontant les yeux vers Bélial, il reprend son ton sérieux et distant avant de lui lancer.

"Comment je dois interpréter tes actes ?"

Oui, Bélial, éclaire un peu sa lanterne et aide le. Il acceptera ta décision et n'opposera aucune résistance, mais pour cela, il a besoin de réponses claires avec un avis affirmer. Ne le trouble pas avec des paroles et des actes contradictoires.

Il ne me repousse pas. Au contraire, il accepte et surtout il répond à mon baiser. Laissant ma langue rencontrer la sienne alors qu’il tire mon corps vers le sien. Immédiatement je sens une douce chaleur se répandre en moi. Ce que nous faisons est si bon, autant que le baiser que nous avons partagé sous la douche et si je m’écoutais j’en prendrais plus. Pourquoi ne pourrais-je pas ? Malheureusement le manque d’air se fait sentir et voilà que nos lèvres doivent se quitter à mon plus grand regret. Sitôt mes poumons à nouveau oxygénés, je suis prêt à recommencer mais pas lui. Il me questionne. Il ne comprend pas mon comportement. Moi non plus. Je n’ai pas d’explication à lui fournir si ce n’est que je perds la tête.

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Il n’est pas tendre et contraste peut-être avec la douceur de sa main qui serre la mienne. Refermant mes doigts sur les siens, je glisse ma main libre derrière sa nuque et rapproche à nouveau mes lèvres des siennes avant de lui répondre :
« Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je ne te fais pas confiance. Je ne veux plus te voir. C’est ce que ma tête me dit mais mon cœur lui veut encore t’embrasser, te voir et te sentir. »
Et sans lui laisser le temps de me répondre, je capture à nouveau ses lèvres, comme porté par un élan de folie. Il faut dire qu’il n’y a que lorsque je l’embrasse que ma tête arrête de tout compliquer. J’arrête de réfléchir et je profite juste du contacte de ses lèvres mais aussi de sa langue qui s’enroule autour de la mienne. J’aime ce que nous faisons, j’aime le sentir contre moi et l’espace d’un ou de plusieurs baisers, je veux oublier ce maudit labo, les blessures qui lacèrent ma chair et ces innombrables questions, doutes et craintes qui hantent mon esprit. Je le veux juste lui, ses lèvres, sa langue et sa chaleur. Je veux plus, même si pour le moment je me contente de l’embrasser.