Nice to meet you ... Brother (Dam Ryeong et Esther)

"Qu'est-ce que je suis en train de faire ?"

Voilà la question qu'elle ne cessait de se poser, depuis de longues minutes. Pourquoi avait-elle fait ça ? Ce n'était pas déjà assez compliqué, avec les sombres secrets de la clover cop's ? Il fallait vraiment rajouter la famille dans ses problèmes ?

Pour tout comprendre, il fallait remonter à la veille.
Esther avait eut une très longue journée. Rien de bien surprenant, au vue de tout ce qui se passait sur son lieu de travail. La jeune femme avait juste l'impression d'être sortie d'un trou pour pouvoir sauter à pied joint dans un autre encore plus profond. Elle avait beau avoir décidé de se battre, de ne pas fuir, elle avait peur. Sans compter qu'elle se sentait atrocement inutile. Elle devait regarder ces pauvres personnes souffrir, se faire torturer de la pire des manières, sans bouger d'un cil. Elle ne pouvait pas se permettre de faire n'importe quoi. Elle n'était dans cet hôpital que depuis peu de temps. Même chose pour ce qui est de son entrée chez les Mirroh. Tout s'était enchainé à une vitesse hallucinante.
Et il y avait, en ce monde, qu'une seule personne qui pouvait lui remonter le morale. Même sans connaître les détails de son chagrin.
Sa maman.

La jeune fille avait donc attrapé son sac, espérant tomber rapidement sur son portable. Mais alors qu'elle le vidait, un papier finit par s'échapper. Elle posa les yeux sur son lit, le lieu d'atterrissage de la carte. Et elle ne put reprimer une grimace en se rendant compte de quoi il s'agissait.
Elle l'attrapa, la retournant dans tout les sens. Esther l'avait pourtant vue un bon nombre de fois, depuis son arrivé en Corée du Sud. Mais elle n'avait pas réussit à composer le numéro écrit en lettres dorées. N'y à faire une quelconque recherche sur le nom de son soit disant géniteur.
À quoi bon, après tout ce temps ? Sa mère lui avait racontée comment ils s'étaient rencontré, combien elle avait honte de l'avoir utilisé pour ses besoins égoïste. Esther ne se voyait pas se ramener, la bouche en cœur, en déclarant qu'elle était une batarde et qu'elle pouvait le rencontrer en Corée. Non. Elle ne pouvait vraiment pas faire ça.
Mais une part d'elle mourrait d'envie de savoir. Savoir à quoi il pouvait ressembler, quel genre de voix il avait,  quel était son caractère ... Sa raison hurlait pour brûler ce papier, ayant peur de tomber sur le même salopard qu'avait pu être son ex. Mais son cœur ne voulait pas abandonner cette idée folle. L'idée de, peut-être, rencontrer un homme qui pourrait vraiment l'aimer et la protéger. Lui prouver que les hommes n'était pas tous les même, que son père n'était pas comme son cauchemar ... Aussi fou cela pouvait-il paraître, elle voulait y croire.
Alors, sans réfléchir, ses doigts tapèrent le numéro. Il ne fallut que deux tonalités avant d'entendre une voix masculine. Rapidement intimidée, la métisse avait demandé s'il s'agissait bien du numéro de M. Cha.

Ce fut ainsi qu'elle apprit deux vérité, qui lui donnèrent un coup de massue.
De un, son père était mort depuis un petit moment.
De deux, l'homme au bout du fil était son fils. Elle avait donc un demi-frère.
Et qu'avait-elle trouvé de mieux à faire, sous le coup de la panique ? Arranger un rendez-vous, précisant qu'elle avait une nouvelle qu'elle ne pouvait annoncer au téléphone.

Et voilà comment elle s'était retrouvé là ! Tremblant de la tête au pied, craignant la réaction du seul membre de sa famille présente en Corée.
Elle avait un don pour s'enfoncer dans la mouise !

Elle s'était commandé une glace pilée avec de la fraise, espérant retrouver son calme en avalant un peu de sucre. Mais malgré la douceur fondant sur sa langue, son anxiété ne la quittait pas. Elle devait s'attendre à tout, bien qu'elle n'aimait pas être sur ses gardes comme elle le faisait. Elle passa discrètement une main sur sa cicatrice, comme pour se rappeler qu'elle n'avait pas le choix. Elle ne pouvait pas redevenir la jeune femme innocente et naïve d'il y a deux ans, bien qu'elle l'était encore un peu au fond.
C'était ainsi. Pas le choix.

Elle releva la tête, une ombre s'étant imposée devant elle. Le regard qu'il posait sur elle, poli mais méfiant. Ses vêtements, sa prestance ... Aucuns doutes. Il était arrivé.
Elle se leva rapidement, s'inclinant comme le voulait la coutume coréenne. Elle n'avait pas toutes les bases, sa mère étant française et elle-même étant née et ayant vécu à NY. Mais elle devait faire de son mieux, surtout à ce moment là. Son côté perfectionniste ne lui permettrait pas une seule bourde.

- B-Bonjours, M.Cha ... Merci beaucoup d'être venu !

( Pando )

- O-Oui, c'est bien ça !"

La jeune fille avait encore du mal à se faire à ce nouveau nom. Pourtant, elle endossait ce nouveau rôle depuis des mois. Mais Ce n'était pas suffisant. Hope Moreau faisait encore parti d'elle, dans son cœur comme sur ses papiers d'identité. Elle ne pouvait pas faire un trait sur son passé en seulement quelques mois. Sans compter qu'elle ne pouvait pas s'en détacher complètement, maintenant qu'elle avait un frère.
Tout allait dépendre de sa réaction.

Elle prit place à son tour avant de serrer son gobelet entre ses mains, tremblante. D'après ce qu'il lui avait dit au téléphone, leur père était quelqu'un de très connu en Corée du Sud. Sa mère semblait le savoir, d'après la lettre qu'elle lui avait laissé afin de l'encourager à quitter les Etats-Unis. Sauf qu'elle, elle n'en savait rien. Elle n'avait pas cherché à contacter son géniteur après son déménagement. Son seul but avait été de fuir cet homme qui l'avait détruite. Ce même homme qui la pourchassait encore, rendant un possible retour chez sa mère impossible. Elle ne recherchait n'y richesse, n'y gloire. Elle voulait juste qu'on la laisse tranquille, qu'on l'oublie. Disparaître. C'était tout ce qu'elle avait pu trouver comme solution.

Mais elle avait trouvé un lien de sang dans sa nouvelle vie. Son action du à un coup de tête lui avait permit de découvrir l'existence d'un frère. Une autre famille que sa mère.
Qu'allait-il en penser ? Elle avait tellement peur qu'il la rejette. Qu'il lui fasse du mal. Comme lui.
Qu'il lui prouve que tout les hommes sont mauvais.

Elle se braqua légèrement face à sa première question.
Il était temps de se lancer.

- N-Non ... Je suis américaine. Je ne suis ici que depuis quelques mois ...

Le silence prit place entre eux, tandis qu'elle jouait nerveusement avec ses doigts. La métisse ne savait pas quoi faire pour aborder le sujet. Elle paniquait, son esprit bousculé par cette situation. Elle aurait été plus du genre à y aller en douceur, prendre le temps de le connaître, d'anticiper les réactions. Mais elle avait l'impression que cet homme n'était pas du genre à attendre. C'était tout ce qu'elle pouvait déduire.

Allait-il bien le prendre ? Accepter de la connaître, de lui laisser une toute petite place dans sa vie ? Juste histoire de ses nouvelles, de temps en temps ?
Ou allait-il la mettre dans sa liste noir ? Lui souhaiter du mal, à son tour ?
Peut-importe les peurs qui faisait battre son cœur plus vite. Elle n'avait plus le choix, à présent.

- Je ... Je devais rencontrer votre père ... pour une raison personnelle ...

Elle avala difficilement sa salive, levant ensuite ses yeux pour plonger dans les siens. Elle avait besoin d'un signe. N'importe lequel. Devait-elle le craindre à tout jamais, ou espérer quelque chose.
C'était trop dure. Elle devait savoir.

( Pando )

La jeune femme continuait de trembler face à cette situation. La terroriser n'était pas du tout l'intention de son interlocuteur, pourtant. Elle voyait bien qu'il faisait des efforts pour la rassurer, ne pas la brusquer. Et ce, malgré la curiosité qui devait le ronger. Qui ne le serait pas, en voyant une jeune inconnue souhaitant parler à un homme bien plus âgé qu'elle ? Sans compter qu'elle venait de découvrir qu'il était quelqu'un d'important en Corée du Sud. N'allait-elle pas avoir des ennuis, en voulant découvrir qui il était ? En prenant le risque de se faire violement rejetée et harcelé par sa famille paternel ? Ou, au contraire, accueillit et exposée alors qu'elle souhaite vivre cachée ?

Face au sourire du jeune homme, Esther essaya de se détendre. Avec un peu de chance, elle était tombée sur une bonne personne qui allait essayer de comprendre. Il n'était pas obligé de l'aimer, ou de la considérer comme une sœur. Elle voulait juste avoir quelqu'un avec qui parler, en dehors du cauchemar de la Clover Cop's. En dehors des horreurs qu'elle voyait chaque jours, des scientifiques fous qui s'acharnaient sur de pauvres humains en les transformant en cobaye.
Oui. Elle avait vraiment besoin d'un soutien.

Elle eut un petit sourire, face à ces derniers propos. Elle avait pensé la même chose.

- En faite ... Je n'ai pas eu la chance de le connaître ...

Malgré l'appréhension qui la rongeait, elle finit par poser sur la table la fameuse enveloppe. Cette lettre écrite par sa mère, où elle révélait toute l'histoire entre elle et leur père. Leur rencontre, leur attachement, le stratagème élaboré pour l'avoir, la honte en se rendant compte de ce qu'elle avait fait ... Tout. Mais, surtout, tout les regrès dont elle n'a jamais pu se défaire. Et ce, malgré les années.
Il y avait aussi la carte que M.Cha avait confié à Mme Moreau, comme cadeau d'adieu. Celle qui avait permit à Esther de le contacter, de le retrouver. M.Cha avait même écrit un mot destinée à sa mère, espérant qu'elle aille de l'avant et décide de reconstruire sa vie. Elle l'avait fait. Même s'il ne saurait jamais que c'était grâce au cadeau imprévu qu'il lui avait laissé. Cette petite fille qui lui ressemblait temps.
Il était temps pour Esther de tout révéler. D'aller de l'avant à son tour.

- Ça sera, sans doute, trop long à lire. Vous pourrez la lire plus tard, je n'en ai plus besoin ...

Elle l'avait lu tellement de fois depuis son départ, qu'elle connaissait chaque ligne par cœur. Cela ne lui avait pas donné du courage pour rencontrer son père plus tôt. Mais, au moins, elle avait détruit ce mensonge qui s'était gravé en elle durant trop de temps. Son père ne l'avait pas abandonné. S'il avait su, il aurait tout fait pour l'aider. Son comportement envers sa mère ne pouvait que la persuadée.
Elle ne pouvait, en revanche, pas prévoir la réaction de son fils. D'où cette appréhension qui ne la lachait pas. Mais elle devait le faire. Elle ne pouvait plus faire marche arrière.

- Cela viens de ma mère. Et ... D'après elle, M.Cha ... était mon père ...

Les dés était lancé. La partie pouvait commencer.

( Pando )

Un long silence avait suivit, à la suite de sa révélation. Esther n'avait pas osée rajoutée quoi que ce soit. N'y même lever les yeux vers lui. Il devait encore digérer cette nouvelle. Et rien ne lui disait qu'il resterait courtois et gentil avec elle, une fois l'information parfaitement intégré. Après tout, les hommes étaient si ... incompréhensible.

Elle eut un léger sursaut, lorsque sa voix s'éleva à nouveau. Lui aussi, il tremblait. La raison était bien différente de la sienne, elle le savait. Mais il semblait décontenancé. Qui ne le serait pas, à sa place ?
Il lui fallut quelques secondes, avant qu'il ne déclare vouloir lire sa lettre tout de suite. Sa voix était plus sèche, tendue. La métisse revint bien vite sur ses gardes, s'attendant à tout. Et, n'ayant aucune raison de l'empêcher de lire tout de suite, elle ne fit qu'un simple hochement de la tête.

L'enveloppe finit par être déchirée, la lettre dépliée et son contenu découvert. La métisse ne bougea pas d'un seul centimètre, tétanisée. Qu'allait-il faire ? La frapper ? L'insulter ? Lui ordonner de disparaître ? Ou, au contraire, la harceler pour la détruire ? Et s'assurer qu'elle n'entrera jamais plus en contact avec la famille Cha ? Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre.
Au final, rien ne se passa.
Un long silence prit place. Encore plus long que celui d'après sa révélation orale. Ses muscles finirent par se détendre, lui permettant de lever sa tête vers son interlocuteur. Il semblait figé, perdu. Encore plus qu'elle. Après tout, il avait déjà une famille et deux parents. Elle, elle n'avait jamais connu de figure paternel. Elle ne pouvait pas totalement comprendre ses sentiments.

Ses yeux se posèrent sur sa main, tenant toujours la lettre. Sans qu'elle ne puisse vraiment l'anticiper, la sienne s'avança pour l'atteindre. Elle ne fit que l'effleurer, essayant d'attirer son attention. Mais c'était un effort qu'Esther n'aurait jamais cru pouvoir faire si vite. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient de la même famille ? Et ce, peut importe la décision qu'il allait prendre ?
Dans tout les cas, son souffle se coupa et son corps se figea de nouveau. Après un petit moment sans réactions de sa part, elle osa reprendre la parole.

- Je ... Je vous demande pardon ... de vous annoncer une telle nouvelle alors que ... M.Cha est parti depuis peu ...

Elle tremblait encore, son corps craignant toujours les actions que son interlocuteur pouvait encore entreprendre contre elle. Mais elle ne lâcha pas l'affaire. Si elle le faisait, elle allait s'en vouloir toute sa vie. Elle avait des choses à dire.

- Mais ... j'avais besoin de le faire. C'est très égoïste, je le sais ... mais ... les raisons qui m'ont poussé à déménager en Corée ont été très douloureuses pour moi ...

Ses yeux se levèrent enfin, plongeant dans les siens. Et ses lèvres osèrent s'étirer, faisant apparaitre un petit sourire.

- Alors ... Quand je suis retombée sur les coordonnées de mon père ... Je me suis dit ... que j'avais peut-être la chance de trouver du soutien ... dans cet endroit, complètement étranger à mes yeux ...

Elle en avait trouvé, depuis qu'elle avait rejoint les Mirrow. Ryujin faisait partie des amies qu'elle n'avait jamais pu se faire, en 24 ans de vie. Mais cette situation était différente. C'était la famille. Et, normalement, la famille était synonyme de soutiens et de liens forts. Après des mois à ignorer ce souhait, stupide à ses yeux, elle avait finit par vouloir le chercher.
Elle n'avait, cependant, pas le droit de le forcer à l'accepter dans son cercle. N'y de la soutenir d'une quelconque manière, s'il ne voulait pas d'elle. Le simple fait de l'avoir fait lui avait enlevé un gros poids sur le cœur. Elle allait aller de l'avant. Elle n'allait plus se laisser faire. Que ce soit face à son ex ou à la Clover'cop. Elle allait se battre. Et avoir osé affronter son frère était, pour elle, comme une déclaration de courage.
Elle finit donc par éloigner leurs mains et se lever, sortant de l'argent pour payer sa glace.

- Vous n'avait pas à vous inquiéter. Je ne compte pas m'imposer dans votre famille, n'y vous forcer à me parler si vous ne le voulez pas. Mais, avoir osé vous le dire ... ça me fait déjà du bien.

Elle lui offrit un dernier sourire, bien plus grand et apaisé. Elle s'inclina ensuite, en signe de respect, avant de s'éloigner pour quitter le bâtiment.
Elle avait osée. Elle ne le croyait pas elle-même.

( Pando )