Tenue ••• Appuyé contre un mur, je laisse le son se diffuser dans mes oreilles à l’aide de mes écouteurs reliés à mon portable. La nuit est tombée et la méfiance a laissé place à l’insouciance chez toutes ces petites jeunes occupées à s’amuser dans les rues de la ville. Un sourire orne mes lèvres. Ce soir encore, certaines d’entre eux disparaîtrons sans laisser de traces. Pauvre petite chose. Néanmoins, il devrait s’estimer chanceux de pouvoir servir leur paye en offrant leur corps à la science. Après tout, ce n’est pas mon problème s’ils ne sont pas assez aimés pour être recherchés. Pas ma préoccupation si leurs parents préfèrent les vendre contre une grosse somme d’argent. S’ils sont assez bêtes pour se laisser charmer par moi où pour tomber dans le piège de mon club, c’est peut-être qu’ils méritent amplement ce que je leur réserve chaque soir.

Est-ce de la chance pour eux que ce soir, je ne chasse pas seul ? Probablement. Selon moi, je suis bien meilleur seul. Malheureusement pour moi, ce scientifique avait décidé que, pour augmenter les chances de réussite, quant à la mission de lui rapporter les personnes de son choix, la tache devrait s’effectuer en duo. Inutile de vous décrire la tête que j’avais faite à cet instant. J’avais d’ailleurs bataillé pendant plusieurs minutes pour que ce type change d’avis, sans succès malheureusement.

Me voilà donc occupé à attendre mon partenaire nocturne dans la pénombre d’une ruelle. Comme vous l’aurez compris, j’aurais très largement préféré m’amuser seul, mais le sors en avait décidé autrement. Ne connaissant néanmoins pas le nom de mon partenaire, il me restait encore la possibilité que cela soit un bon ami à moi ou dans le pire des cas, une personne qui m’est complètement indifférente, mais avec qui, j’arriverais malgré tout à travailler correctement. Histoire de m’occuper et de combler l’attente, je me suis alors mis en tête de faire défiler le nom de tous les potentiels candidats à cette mission et une chose est sure, à aucun moment, je n’avais songé au nom de cette fille que je vois soudainement apparaître dans la nuit.

-« Oh non …. C’est pas vrai. Dis-je sans retenue en soupirant tout en enlevant mes écouteurs. Je comprends mieux pourquoi ce fichu scientifique n’a pas voulu me dire ton nom. »

Muñoz Aitana, jeune femme plus que charmante que j’aurais bien mis dans mon lit, si seulement elle ne voulait pas une haine à ma famille et plus particulièrement à mon cousin. De tous, il avait fallu que ça tombe sur elle. La nuit promettait d’être sacrément longue et périlleuse à présent.

-« Ne m’en veut pas, mais franchement, je me serais bien passé de ta présence ce soir. »

Tenue ••• Il n'existe pas un sociopathe qui ne soit avide de pouvoir. De toute ma vie, je n'ai jamais pensé qu'à lui. Le pouvoir d'être désirée ou admirée, celui de détruire, le savoir, l'influence occulte. J'aime les gens. Je les aime tant que je veux les toucher, les modeler ou les démolir comme bon me semble. Non parce que le résultat m'intéresse forcément, mais parce que j'ai envie d'exercer mon pouvoir. Son acquisition, sa rétention et son exploitation sont ce qui motive les sociopathes. Aucun doute là-dessus. Qu'entends-je par démolir ? En matière de pouvoir, comme en matière de nourriture ou de sexualité, tous les goûts sont dans la nature. Mon truc, c'est avoir l'impression que mes idées façonnent le monde qui m'entoure. C'est mon pain quotidien, qui m'empêche de mourir de faim. Mais lorsque je me fais plaisir, que j'opte pour la tranche de foie gras, c'est pour m'introduire dans la psyché de quelqu'un et y flanquer en douce le plus grand bazar possible.

Je fais le mal. Je terrorise l'âme d'une personne sans avoir pour autant quelque chose contre elle. C'est un plaisir d'échafauder, d'assister à l'accomplissement de mon oeuvre ; mais c'en est un, aussi, de détruire, d'observer la dévastation que vous avez élaborée, pareil à celui qu'on ressent quand on balance une hache pour l'abattre nonchalamment sur une porte en bois mise au rebut. Chaque fois, vous avez un sentiment de puissance et de compétence. Cependant, le plaisir de la destruction est particulier au regard de sa rareté, comme dissoudre une perle dans du champagne. Le quotidien exige que nous soyons productifs et intégrés, mais si vous avez déjà éprouvé l'envie violente de dire à votre meilleure amie que, oui, ce pantalon la grossit, vous comprendrez à quel point il est libérateur de s'attaquer sans retenue aux points les plus sensibles d'autrui.

Et si je suis devenue si cruelle, c'est à cause d'eux. Mes parents. Que je compte bien détruire de mes propres mains. J'y arriverais. Je ne m'arrêterais jamais. J'aurais ma vengance et je réaliserais le meurtre ou la disparition parfaite. Au péril de ma vie et de ma santé mentale. Car il me semble que je n'ai pas d'autre choix si je evux espérer être libre un jour. Rien que d'y penser, je sens monter une certaine excitation en moi. Mais aussi une certaine colère. Une colère que je libère et que je défoule en moi. Cela me fait un bien fou. Sauf quand un être indésirable vient me déranger en plein travail. Pourquoi lui ?

- Caches ta joie, Woong In ! Je vais finir par croire que tu craques pour moi ! Dis-je, d'un ton sec, tout en arrivant devant lui.

Je le fixe. Je le juge. Oui, c'est vrai. Et je ne me cache pas pour le faire. J'inspecte sa tenue de ce soir. J'aurais bien voulu pouvoir le critiquer et lui demander s'il comptait réellement attirer du beau poisson habillé comme ça. Mais je me retiens. Je sais qu'il y arrivera. La famille Kang y arrive toujours. Et j'ai beau ne pas l'apprécier, je ne peux enlever le fait qu'il est un très bel homme. Même s'il ne l'apprendra jamais de ma bouche.

- Plaisir partagé, partenaire...

J'ai bien insisté sur le mot partenaire et lui offre un sourire bien trop faux.

- Dépêchons-nous ! Plus vite, nous aurons fini et plus vite nous pourrons nous séparer !

Je remets en place ma veste et vérifie que ma coiffure soit toujours impeccable.

Tenue ••• Si belle créature et pourtant insupportable. Il n’est pas exagéré de comparer une femme à une rose. Sublime en apparence et pour autant pas moins dangereuse. On se méfie des hommes, mais on devrait tout autant se méfier de nos opposés. Le sexe faible, comme on a l’habitude de dire. Si vous voulez mon avis, il n’y a rien de faible dans une femme. Manipulatrice. Rusée. Envoutante. Des caractéristiques qui ont mené bon nombre d’hommes à leur perte. Ne vous fiez jamais à leur petit sourire innocent et leur visage d’ange, car celle-ci, tôt ou tard, révéleront leur vraie nature et quand ce jour arrivera, il sera trop tard pour vous. Et dans le cas où, comme Aitana, elles montrent ouvertement leur nature, ne les sous-estimez pour autant pas. Vous serez bien surpris d’apprendre qu’elles ne dévoilent jamais entièrement leur jeu et leur dangerosité.

-« La seule chose qui aurait pu craquer, ce sont tes reins si je t’avais mis dans mon lit. »

Inutile de jouer les princes charmants avec elle, nous nous détestons et il n’y a pas de raison de le cacher. Pourquoi faire preuve de politesse et de retenu avec une femme qui n’est autre qu’une véritable vipère ? Elle me juge du regard, et je ne me prive pas pour en faire de même. Pas bien étonné par le peu de décence qu’elle a pour son propre corps. Oh, bien sûr, elle ne doit pas en penser moins de mon propre look. Après tous, entre nous deux, notre haine est presque devenue viscéral. Il suffit d’un regard, d’un geste, pour que l’autre nous insupporte. Comme le fait par exemple qu’elle incite méticuleusement sur le terme partenaire. Je ne dis rien. Me contente de lever les yeux au ciel, mais cette vile créature sait pourtant très bien que cela me fait enrager.

-« Au vu de ta tenue, je ne m’en fais pas sur la rapidité de cette mission. »

Je me retiens d’ailleurs d’ajouter qu’elle serait digne de l’une de mes danseuses dans ma boite de nuit , préférant lâcher un soupir à la place, comme si celui-ci allait me motiver à faire un effort pour réussir notre boulot. Cela m’en coûte d’ailleurs, mais je passe malgré tout mon bras autour de son épaule, pour feinter une bonne entente entre nous, avant de sortir de la ruelle.

-« D’après mes renseignements, nos cibles ne sont pas loin d’ici. Ils sont du genre a aimer un peu trop la fête, cela ne devrait donc pas être trop compliqué de manipuler le petit-pois qui leur sert de cerveau. Néanmoins, ma chère amie, as-tu une idée de plan d’action ? »

Tenue ••• Comme à son habitude, il se montre grossier. Cela ne devrait même plus m'étonner. J'ai l'habitude, maintenant. Je soupire et préfère ne pas relever. Cela n'en vaut pas la peine. À quoi bon ? Nous sommes ici pour une mission bien précise et je ne compte pas échouer. Même si pour parvenir à mes fins, je dois supporter ce grossier personnage quelques temps. Deuxième phrase qui sort de sa bouche, deuxième réplique cinglante. Je le fixe d'un air qui veut absolument tout dire. Il est plutôt mal placé pour se permettre une telle remarque, à vrai dire. Je remets une mèche de mes cheveux en place et garde la tête bien haute. Je fais, ainsi, en sorte que ses crachats ne m'atteignent pas.

- Moi, au moins, je m'implique.

Je sens, alors, son bras sur mes épaules. Je grimace légèrement. En temps normal, je l'aurais dégagé sans aucune douceur mais il était important de ne pas faire d'histoires pour passer incognito, si on peut dire. Je l'écoute me donner les informations qu'il possède et souris légèrement. J'aimais manipuler et avoir du pouvoir sur les autres mais ce n'est pas pour autant que j'aimais la finalité de mes actions. Mais ainsi est la vie. Les forts et les faibles. Fort heureusement pour moi, je fais partie des puissants.

- En temps normal, je t'aurais dis de me regarder faire et de prendre des notes mais il semblerait qu'un travail d'équipe soit de mise pour cette fois... commençais-je à dire avant de soupirer. Combien sont-ils ? Deux ? Un homme et une femme ? Un couple ? Des amis ?

Tenue ••• Dieu que j’aime faire enrager cette fille. Rien ne transparaît jamais sur son visage parfait, pourtant, je sais qu’elle ne peut pas me supporter. Elle garde la tête haute. Reste fier et digne, mais je sais que mes paroles l’atteignent tout de même. Ils ne la blessent peut-être pas, mais ce n’est pas spécialement cela que je recherche. Le simple fait de l’énerver me satisfait amplement. Ce que j’apprécie d’ailleurs tout particulièrement chez Aitana, c’est sa facilité à me répondre. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et j’adore cela. Cela ne fait que rendre notre petite guerre bien plus amusante à mes yeux. Haïr une fille fade et toute en retenue n’a rien de plaisant. Je prendrais bien moins de plaisir à la trainer dans la boue avec mes paroles, si elle se laissait faire gentiment et sans broncher.

Sa phrase à d’ailleurs le luxe de me décrocher un sourire, chose plutôt rare quand je suis en sa compagnie. Néanmoins, je ne prends pas la peine de répondre à cela. Dépenser de la salive pour lui dire qu’elle se trompe et que je n’ai pas besoin de me dénuder pour attirer les gens, contrairement à elle, serait nous faire perdre du temps. Je préfère de très loin me concentrer sur notre mission, même si cela veut dire devoir supporter l’odeur de son parfum tout contre moi, alors que je feins une proximité, pourtant inexistante entre nous.

-« Et bien alors ma chérie, on n’a pas révisé son dossier ? Nouveau sourire plus provocateur cette fois, alors que je me mets à avancer doucement sans lâcher son épaule. Tu sais très bien que je fais du bon travail. Cela t’écorche peut-être la bouche de l’avouer, mais je suis aussi doué que toi. Si ce n’est plus. Bien sûr, je sais qu’elle ne validera jamais cette théorie. Je ne m’attarde donc pas sur le sujet et préfère répondre à toutes ses questions. Il y a deux hommes et une femme. Je lui répond tout en lui tendant mon portable où j’y ai affiché les photos de nos victimes. Visiblement, ce sont des amis de longue date. Je les ai déjà un peu observés et de ce que j’ai pu voir, c’est un petit groupe assez fermé. Leur amitié semble passer avant les plans dragues. Seul, c’est presque impossible de les approcher. »

Cela m’ennuie de me l’avouer, mais je comprends facilement pourquoi ce taré de scientifique nous a demandé de faire équipe Aitana et moi. Dans son domaine, elle est plutôt doué. Nous n’avons pas les mêmes méthodes, ni le même profil de victime, mais on ne va pas être trop de deux pour faire tomber la méfiance de ces personnes.

-« Tu en pense quoi ? Clairement, la méthode basique de rapprochement en offrant un verre, ne fonctionnera pas cette fois-ci, je pense. »

Tenue ••• Non, je n'avais effectivement pas révisé le dossier. Mais je me retiendrais de le lui dire. Cela ne le regarde pas, après tout. J'ai été pas mal occupée ces derniers temps et je dois bien avouer que cette chasse était le cadet de mes soucis. Ma vie si parfaite en apparence est en train de perdre de la hauteur et de sombrer en m'emmenant dans sa chute. Mais que pourrait-il bien en avoir à faire ? Il me déteste. Et Dieu seul sait à quel point cette haine est réciproque. Alors, je ne m'abaisserais jamais à lui raconter mes humeurs ni même à me plaindre de ma vie plus que compliquée. Il ne ferait que me rire au nez et se moquer davantage de moi. C'est loin d'être une réaction dont j'ai besoin, en ce moment.

- Deux hommes et une femme... répétais-je, à voix basse pour moi même.

Je prends son téléphone afin de pouvoir regarder en détail les différentes photos. Ces trois personnes semblent très unies et très heureuses. Si seulement elles avaient eu conscience que cette soirée signait la fin de leur liberté... Peut-être seraient-ils restés chez eux ?! Je soupire légèrement en entendant sa question suivante et lui rends son téléphone en même temps.

- Jouons un couple, dis-je subitement. Le coup du frère et de la soeur ne pourra jamais coller vu nos différences. Mais un couple, si on met nos différents de côté, pourquoi pas. Ils se méfieront beaucoup moins d'un couple qui souhaite se faire des amis.

Je continue de réfléchir alors que nous approchons dangereusement de l'entrée du non-retour.

- L'un de nous pourrait aller leur parler, signalant avoir perdu sa moitié, par exemple. Je pense que l'on devrait jouer les personnes peu habituées à un tel endroit, fraîchement arrivés et sortis découvrir leur nouvelle vie dans cette ville. Si on arrive à les convaincre et à toucher une part d'eux avec une histoire aussi débile, ce sera facile pour la suite. À moins que tu aies une meilleure idée ? finis-je par demander, en le regardant.

Tenue ••• Finalement, heureusement que l’un de nous deux, à savoir dans le cas présent le plus beau et le plus intelligent des deux à un peu pris cette mission au sérieux. Que serait-il arrivé si, comme elle, j’avais décidé de procrastiner ? On se serait retrouvé malin à devoir effectuer une chasse sans avoir la moindre information sur nos cibles. Elle joue les malines, mais au final, sans moi, elle aurait été bien ennuyée. En plus d’être insupportable, voilà que la caractéristique d’inutile vient se rajouter à ma lise de ses nombreux défauts. Je ne sais d’ailleurs pas comment j’ai fait pour ne pas lui faire une réflexion à ce sujet. Clairement, cette fille me sort par les yeux. Malheureusement pour moi, je suis obligé de la supporter et de faire un effort pour notre mission commune.

Récupérant mon portable, j’écoute, pour une fois, attentivement son avis sur la question. Il faut dire qu’habituellement, le moindre son sortant de ses lèvres tentatrices n’est pas traité par mon cerveau. Pourquoi perdre du temps et de l’énergie à écouter une personne qui ne fait que dire des choses inintéressante ? Pourquoi même, tout simplement, porter de l’attention à une personne insignifiante ? Par chance pour moi, en grandissant, j’ai appris à feinté de l’intérêt pour les gens inutile comme Aitana. C’est horriblement ennuyeux, voir même énervant, mais parfois, comme ce soir, des choses un peu plus intéressantes finisses par être dites. Comme quoi, finalement, cette demoiselle sait se servir de l’organe qui lui sert de cerveau.

-« Un couple hein …. Tu es sur de savoir supporter cela ? »

En vérité, l’idée m'horripile, mais je sais que nous n’avons pas le choix. Comme elle l’a parfaitement dit, le plan du frère et de la sœur ne pourra pas fonctionner avec une bande d’amis pareils. Je retiens un soupire de sortir de mes lèvres alors que j’envisage tout ce qu’un petit ami parfait devrait faire avec sa copine.

-« Malheureusement, pour une fois, je pense que tu as raison, le plan du couple est notre seule option. »

Pour le coup, il allait falloir faire bien plus que mettre nos différents de côté, si on veut avoir un peu de crédibilité. Je ne préfère même pas imaginer ce que les événements vont me pousser à faire avec Aitana.

-« Je n’ai pas de meilleure idée, avouais-je tout en me détachant de la demoiselle une fois arrivé devant l’établissement. Cela ne me fait pas plaisir, mais ton idée est clairement la meilleure de nos options. Je prends subitement une grande inspiration, tout en fermant les yeux quelques secondes afin de me préparer psychologiquement à être le petit ami de cette fille. Bon …. Va pour jouer le petit ami paniqué. Activant soudainement l’appareil photo de mon portable, je viens coller ma tête à celle de ma coéquipière. Fait semblant d’être follement amoureuse de moi. Dis-je avant de prendre une photo. Bien, attend quelques secondes ici avant de rentrer me rejoindre. »

Et en ni une, ni deux, me voilà dans la peau de mon nouveau personnage. Bien sûr une fois entré, mon regard capte immédiatement nos cibles, je ne vais cependant pas directement vers eux. Feintant la panique à la perfection, je vagabonde dans l’établissement en regardant frénétiquement tout autour de moi. Par moments, je m’arrête sur place pour appeler ma fausse petite amie et demander à des personnes s’ils n’ont pas vue la fille de ma description, jusqu’à arriver à nos victimes.

-« Je …. Heu … oh je suis désolé de vous déranger mais, commençais-je en bafouillant pour mimer une panique extrême. Je ne retrouve plus ma petite amie. Vous ne l’auriez pas vue ? »

Je sors alors maladroitement mon portable de ma poche, pour venir leur montrer la photo prise précédemment.

Tenue ••• - Nous n'avons pas le choix.

Cette idée ne me plaisait guère. Qu'il ne se fasse pas de films. Jouer sa petite ne va vraiment pas être une partie de plaisir. Malheureusement, nous n'avions pas le choix si nous voulions réussir la mission et nous séparer, par la même occasion, le plus vite possible. Je l'écoute et me rends compte à quel point cela semble compliqué pour lui de jouer ce rôle. Est-ce uniquement parce que l'on ne s'apprécie pas ? Ou peut-être que je ne suis absolument pas son type de femme non plus. Qu'importe. Je soupire également. Sa réaction me donne encore moins envie de faire des efforts mais je n'ai pas le choix. J'ai de graves problèmes à régler et je dois pour cela rentrer au plus vite chez moi alors expédions cette comédie le plus rapidement possible.

- Faire semblant est ma qualité première.

Je prends donc la pose à côté de lui, tout sourire. Comme si le fait d'être aux côtés de cet homme me remplissait d'un bonheur immense. Pathétique mais c'est le jeu. J'acquiesce ensuite et me permets de lui donner une dernière recommandation.

- Sois convaincant.

Je le regarde entrer et patiente, calmement, dehors. Je me fixe un délai de 10 minutes, pour que ma disparition soit des plus réelles. Malheureusement pour moi, en plus du froid qui commençait à parcourir ma peau, un homme semblait bien intéressé par ma présence. Si au début, je me disais que sa venue était le signe du destin pour éviter que je m'ennuie, très vite je regrettais d'avoir accepté une conversation avec lui. Il devenait de plus en plus lourd et commençait sérieusement à m'inquiéter. Il tente de m'attraper le bras et par miracle, j'eus le réflexe de me reculer avant. Tant pis pour le délai, je décide d'entrer. Mais c'était sans compter le fait que cet énergumène se mette à me suivre. Il fallait que je retrouve Woong In au plus vite avant qu'un drame ne se produise et mette notre mission en péril.

- Reviens là !

J'entends l'homme m'interpeller à plusieurs reprises et continue d'avancer et de me frayer un chemin. Je lève les yeux, exaspérée. L'autre, il a vu un ventre, il ne se sent plus quoi. Je souffle, commençant à m'énerver, lorsque j'aperçus enfin mon partenaire du soir. Il semblait en pleine conversation avec nos cibles. Ces dernières regardaient son téléphone et semblaient prêtes à l'aider. Je souris doucement. Il semblerait qu'il ait réussi la première approche. J'allais lui faire signe lorsque mon poursuivant m'attrape, finalement, le bras fermement et m'oblige à me retourner. Je lui fais, donc, face.

- Je vous ai dis de me lâcher. Tout de suite !

Tenue ••• Finalement, cette mission est presque trop facile. Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ma petite comédie de petit copain complètement affolé par la disparition de sa copine fonctionne aussi rapidement. Finalement, je suis encore meilleur en manipulation que ce que je ne pensais déjà. Et dire qu'Aitana a osé me demander d’être convainquant. Si elle me voyait ainsi à faire ce que je veux de nos cibles, elle ne pourrait plus nié que j’ai un véritable don pour cela. Néanmoins, je dois bien avouer que sans la présence de cette fille dans le groupe de nos victimes, il n’est pas certain que mon approche aurait fonctionné aussi facilement. Par chance, il avait suffi que je pose mes grands yeux implorant sûr elle, pour qu’elle convainque ses amis de m’aider dans ma fausse recherche. Finalement, les femmes sont redoutables, mais elles peuvent être aussi sacrément stupides et manipulables. Il suffit de faire croire que l’on n’est pas intéressé par elle, pour qu’elle baisse immédiatement leur garde. Pauvre petite fille, qui va finir par se faire croquer par le grand méchant loup. J’aurais presque pitié d’elle, si je n’adorais pas mon métier.

Cependant, avant que l’apothéose n’arrive, il va falloir que ma partenaire et moi soyons suffisamment convainquant que pour les faire sortir de cet endroit en notre compagnie. Enchainant donc le plan, je leur raconter comment j’ai perdu ma petite amie pendant que ceux-ci sont penchés sur la photo que je leur montre. Tout en leur débitant de parfaits mensonges, je scrute discrètement les expressions qui passent sur leur visage afin d’ajuster au mieux mon petit récit. Tout semble se dérouler au mieux, jusqu’à ce qu’un froncement de sourcil attire mon attention chez l’un des garçons. Ne comprenant pas ce que j’ai bien pu raconter pour que son visage se ferme aussi soudainement, je décide de me stopper dans mon histoire afin de suivre son regard posé sur la foule nous entourant. Cherchant un instant, la raison de son froncement de sourcil, mon regard vient finalement se poser sur la silhouette d’une femme que je connais parfaitement.

-« Ce n’est pas ta petite copine avec ce type ? » Me questionne l’un des garçons alors qu’à mon tour, mon visage se ferme, tandis que la fille nous accompagnant nous signale qu'Aitana semble en mauvaise posture.

Si habituellement, je suis un garçon parfaitement maître de mes émotions, il y a bien une chose dans ce monde qui me met hors de moi, ce sont les types qui s’en prennent aux jeunes femmes. Sans répondre, n’y réfléchir, je m’élance en direction de ma partenaire. Je sens que je suis accompagné des garçons, mais cela m’importe peu désormais, je n’ai plus qu’une seule cible dans mon viseur.

-« Toi tu ne la touche pas. »

Ma voix est menaçante alors que je repousse violemment le type qui retient le bras de ma coéquipière. Par réflexe, je me positionne devant Aitana alors que je perçois derrière moi que nos deux cibles s’occupent de réceptionner ma fausse petite amie pour s’assurer qu’elle n’a rien. Il est vrai que je déteste cette fille, mais je déteste encore plus les hommes qui prennent les femmes pour des objets.

-« Je te conseille de lâcher l’affaire si tu ne veux pas finir en morceaux. »

Mes menaces semblent faire effet. La queue entre les jambes, je le vois rebrousser chemin en disant qu’il ne veut pas faire d’histoire. Mon regard est noir alors que je l’observe s’éloigner. Une chose est sûre, ce type sera ma prochaine cible personnelle. Cependant, avant que je ne transforme sa vie en véritable enfer, il allait falloir que je termine notre mission en cours. Soufflant un bon coup, je retourner vers Aitana pour lui capturer son visage entre mes mains afin de déposer mes lèvres sur les siennes.

-« Ça va chérie ? Tu n’as rien ? Il ne t’a pas fait mal ? J’étais tellement inquiet. Pardonne moi, je n’aurais pas dû te perdre de vue. »

Tenue ••• J'essayais de fuir l'emprise qu'avait cet inconnu sur mon poignet mais plus je tentais de fuir plus il serrait sa main. Il me fait mal. Vraiment. Mais je tente de rester neutre afin de ne pas le montrer. Hors de question de montrer à un type pareil qu'il a du pouvoir sur moi. Il a de la chance que je doive m'occupe de ces autres personnes, je me serais occupée de me venger sinon. Fort heureusement, une voix se fit entendre assez rapidement ainsi qu'un geste. Mon assaillant se fait donc repousser et je ne pus m'empêcher de montrer ma surprise lorsque je vis que mon sauveur n'était autre que Woong In. Je ne pus réagir davantage puisque deux autres hommes s'empressent de me demander si je vais bien. Je les rasssure et les remercie en essayant d'être la plus convaincante possible. La vérité est que mon poignet me fait mal et que je risque très certainement d'avoir une belle marque demain en me réveillant. Je me masse, discrètement, le poignet en question avant que leur amie ne nous rejoigne.

- Tu as du avoir si peur... me dit-elle.

Elle semble compatissante et je m'apprêtais à lui répondre lorsque Woong In revient vers nous. Vers moi, plus précisément. Il prend mon visage entre ses mains et je le regarde, dans l'incompréhension totale. Qu'est-ce qu'il lui prend ? C'est alors qu'il décide de déposer un baiser sur mes lèvres et intérieurement, ce fut l'explosion. J'eus instinctivement envie de le frapper pour ce geste. Il a sincèrement de la chance que tout ceci n'est que pure comédie pour convaincre plus facilement ces trois amis se trouvant près de nous.

- Il m'a serré le poignet tellement fort... dis-je, avec une voix tremblante. J'ai même quelques larmes qui apparaissent aux coins de mes yeux. Merci d'être intervenu.

Je passe mes bras autour de son buste et l'enlace comme pour trouver du réconfort. Si extérieurement parlant tout semble être naturel, intérieurement je vomis de ce rapprochement physique. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire !

Tenue ••• Mes lèvres se posent sur les siennes et je prie intérieurement pour que, par réflexe, elle ne m’en colle pas une. Si un jour, on m’avait dit qu’un baiser pouvait me donner autant la nausée, jamais je n’aurais voulu le croire. Qu’elle ne pense pas que j’ai pris plaisir à l’embrasser. Tout est comédie. Simple comédie. Il ne fallait pas me demander de jouer son petit ami si elle n’était pas prête à ce que ce genre de chose arrive. Fort heureusement pour moi, tandis que je fais semblant de m’intéresser grandement à son état, je comprends assez aisément qu’Aitana a capté que ce geste n’était que dans le but de renforcer notre crédibilité. Ouf. Il ne manquerait plus qu’elle se met à penser que je puisse réellement l’apprécier.

Je suis néanmoins grandement surprise par son jeu d’actrice. Elle joue à la perfection la peur. J’aurais même pu tomber dans le panneau, si je ne la connaissais pas. Je sais que c’est une femme forte et débrouillarde. Elle aurait d’ailleurs certainement réduit ce mec en charpie par la suite, si elle n’était pas forcé de se tenir à notre plan initial. Sa comédie est tellement parfaite, que je peux lire de la réelle compassion dans le regard de nos futures victimes. Finalement, l’intervention de ce type nous aura facilité la tâche.

-« Ne t’en fais pas, c’est fini. Je suis là à présent. »

Ses bras se referment au tour de mon corps. Un frisson de dégoût remonte le long de mon échine alors que je limite. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour faire plaisir aux scientifiques. Mes lèvres vinent à présent rapidement de poser sur le haut de son crâne, alors que je fais signe à un serveur de nous apporter une poche de glace. Quand bien même je sais que cette fille est résistante, je ne peux quand même pas la laisser avec une potentille future blessure.

-« Merci pour votre aide. Prononçais-je finalement à l’attention des deux garçons et de leur amie. Je suis désolé, de vous avoir entraîner dans cette situation. Puis-je vous offrir à boire pour vous remercier ? »

Bien sûr, ces trois nigauds ne refusent pas ma proposition. Après avoir une nouvelle fois embrassé le crâne de ma fausse compagne, je l’invite à se diriger vers le bar en notre compagnie, tout en fientant de la soutenir un minium. Arrivé à destination, je reçois la fameuse poche de glace demandé que je ne tarde pas à tendre à Aitana.

-« Tient mets ça sur ton poignet. Ma pauvre chérie, j’espère que tu ne vas pas avoir de marque. »

Tenue ••• Bien que la situation soit assez déplaisante pour lui comme pour moi, il était évident que nous étions sur la bonne voie. C'était assez facile, finalement. Il faut dire que sans l'intervention de cet homme, on aurait peut-être mis un peu plus de temps avant de pouvoir boire avec eux. Comme quoi les évènements négatifs peuvent devenir bons si on arrive à en retirer le meilleur. Il m'embrasse le haut de ma tête et remercie ensuite nos victimes du soir. Je me décolle, donc, de lui et leur souris franchement.

- Oui, merci infiniment. Vous nous nous connaissez même pas et pourtant, vous m'êtes venus en aide. Vous êtes des sains ! dis-je, en m'inclinant respectueusement devant eux.

Ma comédie semble plaire puisque la demoiselle décide d'engager la conversation avec moi, assez rapidement par la suite. Nous nous dirigeons, tous, vers le bar. Tandis que ma nouvelle amie me complimente et me rassure, je vis mon faux compagnon me tendre une poche de glace. Décidément, il est plein d'attention et de surprises. Dommage qu'il ne puisse pas rester ainsi, j'aurais fini par l'apprécier. Sa réflexion m'amuse, ensuite. Et je décide de le taquiner un peu. Histoire de me divertir et de profiter un peu de cette situation.

- M'aimeras-tu moins si j'ai une marque ? demandais-je, en faisant la moue, très attristée.

Je finis par entendre notre invitée rire à côté de moi et déclarer qu'elle nous trouve adorables et que nous formons un beau couple. Mission réussie.

Tenue ••• Nous formons un duo parfait. Cela m’écorcherait la bouche de le dire à haute voix, mais c’est un fait indéniable. Je commence d’ailleurs à comprendre pourquoi ce maudit scientifique a choisi cette fille comme partenaire. Dans son genre, elle est plutôt douée. J’aurais d’ailleurs certainement apprécié ses talents et ses compétences à sa juste valeur, si je ne la détestais pas autant. Enfin, disons plutôt que l’on aurait pu faire de très bon ami si Aitana ne vouait pas une haine viscérale pour mon cousin. Encore une donzelle qui se fie uniquement aux apparences. Désespérant. Mais l'heure n’est pas à ce genre de réflexion. Après tout, il ne faut pas oublier que nous sommes en mission. J’aurais tout le luxe de la maudire et de cracher sur elle, une fois que l’on aura fini avec ses trois imbéciles.

L’avantage en tous cas dans toutes ces histoires, c’est que la tenue provocante de ma fausse petite amie nous à finalement facilité le travail. Au vu du déroulement de la situation, je n’aurais clairement pas besoin de passer la nuit entière en sa compagnie en simulant un amour plus qu’inexistant pour elle. Nous avons clairement gagné la confiance de nos cibles et il va nous être aisé de passer rapidement à la phase finale de notre petite commande.

-« Jamais je ne pourrais moins t’aimer, finis-je par répondre à ma compagne en replaçant tendrement une mèche de ses cheveux, alors que j’entends nos nouveaux « amis », nous complimenter sur notre couple. Mon amour pour toi est infini et éternel. Je ne supporte juste pas l’idée que ta magnifique peau est pu être souillée par une personne comme ce type. »

C’est probablement difficile à croire, mais mes paroles ne sont pas complètement fausses. Bien sûr, rien n’est vrai quand je déclare mon amour, mais pour le reste, il y a malgré toute une pointe de vérité. Si je me moque qu'Aitana peut être marquée à vie, c’est pourtant une chose que j’aurais réellement pu dire à une fille si j’éprouvais encore de l’empathie et de l’amour pour autrui. Au fond, je ne suis pas un garçon méchant, je me cache juste derrière des apparences et une éducation à la dure qui ont fini par me rendre insensible.

-« Bon et si on passait à la suite, finis-je par m’exclamais-je après avoir échangé plusieurs verres avec le petit groupe nous entourant. Bien sûr, en disant cela, je ne me suis pas retenu pour glisser un regard en direction d'Aitana. Elle n’est pas stupide, elle comprendra facilement mon sous-entendu. Cela ne vous dis pas d’aller ailleurs ? Enchainais-je cette fois en dirigeant d’avantage mon attention vers nos victimes. Ma compagne et moi, on connaît un endroit très sélecte et peu connu du grand publique pour passer une super fin de soirée. Pauvre petite souris que ne voit pas le gros chat refermer sa gueule sur son petit corps. Tu en pense quoi darling ? On leur montre notre endroit secret ? »

Tenue ••• Je le laisse faire son numéro de charmeur. Il m'amuse, au fond. Et la soirée continua sans la moindre erreur de notre part. On doit bien l'avouer... Notre équipe fonctionne vraiment bien. J'en viendrais presque à souhaiter une nouvelle mission avec lui pour partenaire. Je souris légèrement en coin, amusée par ma propre pensée. Tandis que j'écoute ma nouvelle amie. Décidément, cette femme parle beaucoup ! Vraiment beaucoup. Vraiment trop. Elle est gentille mais je suis pas là pour lui faire la causette. Malheureusement, je ne peux pas être franche pour le moment alors je la laisse continuer. Je l'écoute avec attention. Je lui souris ou je ris à ses paroles lorsque cela est nécessaire. Je me préoccupe également de ses deux amis et de mon petit ami. Je ne dois rien laisser au hasard si je veux que tout fonctionne correctement. Mais plus le temps passe et plus j'oublie, un peu, pourquoi nous sommes là. Nous passons un bon moment et cela fait vraiment longtemps que je ne me suis pas sentie si... apaisée ? Tranquille ? Redevable de rien ? C'est un moment de simplicité et cela me fait du bien. Ces dernières années, rien n'a été simple pour moi. Mais alors que je commençais à y prendre goût, Woong In met fin à mes rêveries et me rappelle pourquoi nous sommes là. Je le regarde et nous échangeons un bref regard entendu. Il a raison. Il est temps de passer à l'étape suivante. Lui comme moi, n'attendons qu'une chose. Partir et rentrer chez nous.

- C'est une très bonne idée ! dis-je, en souriant. J'attrape les mains de mon amie. Venez ! J'aimerais tant vous y emmener ! Ce serait un moyen pour nous de vous remercier comme il se doit pour cette superbe soirée en votre compagnie !

Elle craque rapidement et je me sens presque coupable de la tromper si facilement. Et tout ça, sans le moindre remord. Mais que puis-je y faire si elle fait partie des faibles ?

Tenue ••• Si je m’étais rendu compte que ma partenaire était occupée à prendre goût à cette soirée, nul doute que je serais intervenu plus rapidement. Heureusement cependant pour Aitana, bien trop occupé à boire et converser avec nos victimes, je n’ai nullement prêter attention aux signes qui aurait pu m’indiquer qu’elle était occupée à se prendre un peu trop au jeu. Par chance, cette fille sait rester professionnelle. A l’instant même où j’ai jeté un regard dans sa direction, elle a acceptée silencieusement que l’on passe à l’étape suivante. Me laissant donc dans l’ignorance face à ce qui avait pu lui traverser par la tête. Cependant, un problème se présente à nous. Bien trop occupé à maudire le scientifique qui me l’avait affublé comme partenaire, nous en avons complètement oublier de discuter de la méthode à appliquer une fois que nos victimes seraient en confiance.

Généralement, je livre la marchandise une fois qu’elle est endormie ou épuisé par un peu d’exercice en chambre. Cependant, ce genre de chose est complètement exclus dans cette situation. Mon autre méthode, surgir derrière ma proie et la pousser de force dans une camionnette, mais là encore, ce n’est pas envisageable. D’autant plus que ces idiots sont complètement consentant à nous suivre où bon nous semble. Le moyen le plus simple serait donc de les conduire jusqu’au point de livraison, à savoir non loin de l’hôpital, mais cela comprend des risques.

-«  Notre voiture n’est pas très loin »

Enchainais-je suis au propos de ma fausse fiancée. Ses mots ayant fini de convaincre les futurs petit rats de laboratoire. Passant alors mon bras sur les épaules de Aitana, j’invite le groupe d’un signe de tête à passer devant pour sortir de là où nous sommes. Profitant alors du fait qu’ils marche devant nous, je viens subtilement rapprocher mes lèvres de l’oreille de ma collègue, feintant de lui embrasser le crâne, tout en sortant.

-«  On fait quoi maintenant ? On les endort dans la voiture où on continue à jouer le jeu ?  Si on ne fait rien, il faut prévenir le labo pour qu’ils se tiennent prêt à recevoir le colis qui risque d’être récalcitrant.»

Tenue ••• Tous les trois acceptent donc notre invitation et je montre mon enthousiasme. Ce qui les fit rire. Si seulement ils savaient que ce rire serait leur dernier. Je leur souris et alors que mon partenaire les invite à passer devant nous, il se rapproche de moi. Je le regarde en reculant un peu ma tête. J'aurais bien eu envie de lui demander une distance de sécurité minimale mais notre jeu n'est pas fini alors je continue de prendre sur moi. Il a beau être beau garçon, je n'oublie pas qui il est. Il me demande, alors, assez discrètement ce que l'on fait. Je souris doucement en coin.

- Ne t'inquiètes pas pour ça. Contentes-toi de conduire jusqu'à l'adresse de livraison. Je vais m'occuper d'eux.

Je sers un peu plus mon sac contre moi. Comme pour lui faire comprendre que ce que j'ai à l'intérieur allait régler la question. Il est bien connu qu'une femme ne sort jamais sans son petit sac. Je ne déroge jamais à cette règle. Surtout lorsque je suis en mission capture. Nous sortons donc et l'air frais de la soirée me fit frissonner. Nous approchons de la fin et je devrais m'en sentir soulagée. Mais, au contraire, je ne me sens pas vraiment dans mon assiette. Je soupire doucement et n'aspire désormais qu'à une chose. Rentrer et aller me coucher. Je crois que j'ai besoin de sommeil. Nous nous rendons jusqu'à la voiture en question et je souris à nos invités.

- Vous allez voir, vous allez adorer !

Tenue ••• Plus que quelques minutes. Une demie heures a tout cassé, en fonction du trafic, et je serais enfin débarrassé de cette fille. Avec un peu de chance, je n’aurais plus à jouer cette comédie avant un long moment. Le simple fait d’ailleurs qu’elle recule sa tête à mon approche, me fait supplier le temps de s’accélérer. Qu’elle ne pense pas que je prends plaisir à ce genre de chose. Bien que mes gestes de tendresse soient naturels, la nausée qu’elle provoque en moi n’est jamais bien loin. Un soupire d’agacement manque de sortir de mes lèvres. Par chance, les mots prononcés par sa langue de vipère suscitent suffisamment mon intérêt pour que mon soufflement se fasse couper net avant même sa formation. S’occuper d’eux vraiment ? J’observe avec curiosité le sac qu’elle remet soigneusement sur son épaule. Qu’est-ce que cette petite vicieuse peut bien avoir là-dedans ? Comme quoi, j’ai raison de penser qu’il faut toujours se méfier d’une femme, aussi belle peut-elle être.

Je lui aurais bien signalé que , si je lui accorde ma confiance pour cette fois, je lui prierais d’éviter de nous causer un accident de voiture, cependant nous finissons par gagner l’extérieure avant que je n’en ai l’occasion. Retrouvant mon tendre sourire d’homme sociable et amoureux, j’indique d’un geste de la main où se trouve ma voiture. Il n’était pas prévu qu’elle serve à convoiter nos petits rats , mais elle ferra malgré toute l’affaire pour cette fois-ci. Au moins, vu sa vitesse, nous arriverons plus rapidement au point d’extraction.

-« C’est vraiment un endroit génial. Mon trésor en est littéralement fan. On n’y sera dans quelques minutes , je vous en prie prenez place. »

Laissant donc nos invites du soir prendre place , ainsi que Aitana, j’en profite pour envoyer un rapide texto afin d’informer le scientifique de notre arrivée. Ainsi, les choses seront déjà prête et nous ne devrons pas attendre des heures que les colis viennent à être récupéré. Le message envoyé, je monte à mon tour dans ma voiture pour y faire rugir son moteur, tandis que la musique diffusée par la radio vient à se répandre dans l’habitacle. Petit coup d’œil en direction de ma fausse amoureuse, et voilà que je nous conduis, vers ce qui sera les derniers moments libres de vie de ses trois imbéciles. .

Tenue ••• Je ne fais plus vraiment attention à la présence ni même aux mots que peut prononcer mon partenaire. Je suis quelque peu perdue dans mes pensées et dans ce qu'il va se passer dans cette voiture. Je ne dois pas me rater. Je dois réussir, à tout prix. Je monte donc dans la voiture et sers un peu plus fort mon sac. Je ne vais pas avoir le choix. Discrètement, pendant que nos trois invités discutent entre eux tout en prenant place à l'arrière, et que Woong In envoie très certainement le message tant attendu par le scientifique qui nous a refilé cette mission, j'avale un cachet. Ce petit médicament magique m'évitera une honte sans nom. J'attendis, ensuite, que notre conducteur daigne entrer dans sa voiture et c'est parti !

- Vous savez, je vous apprécie vraiment ! dis-je, en me retournant pour sourire aux trois amis. Et si on fêtait notre nouvelle amitié ?

Je sors une petite bouteille de mon sac. Un alcool de qualité. Mais ce n'est pas un simple alcool. Oh non. Un doux et puissant somnifère y baigne. Rapide, il est mon meilleur moyen d'éliminer et d'apporter de futurs cobayes sans trop de complications. Et pour leur donner assez confiance de boire cet alcool, j'apporte la bouteille à mes lèvres et bois une gorgée.

- Santé !

Je ris et leur tends la bouteille, ensuite. Ils se l'échangent et chacun en boit. Je souris doucement en coin. Je regarde, alors, Woong In et pose une main sur son bras.

- Chéri, tu en prendras quand on sera arrivés. Ils ne faudrait pas que l'on se fasse contrôler et que tu sentes l'alcool !

Tenue ••• Je vois, du coin de l’œil, Aitana sortir une bouteille de son sac. Bien évidemment, je suis surpris. Qui aurait pu s’attendre à ce qu’elle cache un tel objet ? Une véritable mary poppins. J’en viens même à me demander ce que son sac à main peu regorger d’autre comme trésor.

-« Je vois que tu as tout prévue ma chérie. »

Dans notre métier, il ne faut pas être devins pour se douter qu’il ne s’agit pas d’une simple bouteille d’alcool. Au vu du fait que notre mission touche à sa fin, celle-ci ne peut contenir qu’un puissant somnifère ou autre drogue tranquillisante.

Devant faire attention à la route, je ne peux pas me permettre d’observer attentivement la scène, mais j’en vois suffisamment pour me rendre compte que ma partenaire apporte en premier la boisson à ses lèvres. Est-elle folle ? Elle ne compte quand même pas me laisser son corps inerte plus ceux des trois autre quand même ? Je sais que je devrais lui faire confiance, elle doit avoir l’habitude de ce genre de chose après tout, mais quand même …. J’ai du mal à voir où elle essaye d’en venir en buvant elle-même dans son breuvage.

-« Ne t’en fais pas, tu sais bien que je suis prudent au volant. Lui répondis-je tout en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur pour apercevoir nos nouveaux amis boires sans modération. Mais tu es sûr que c’est bon pour toi de boire autant ? »

Ma question semble innocente. Simple question d’un homme amoureux qui s’inquiète que sa chérie boive un peu trop, mais je sais qu’Aitana en comprendre le double sens. J’écoute d’ailleurs attentivement sa réponse avant de lui signaler que nous allons arriver à destination dans quelques secondes. Nouveau coup d’œil dans le rétroviseur, pour m’apercevoir que nos cibles commence à piquer du nez. Il n’y a pas à dire cette boisson est des plus efficaces. Grace à cela, nul besoin de faire preuve de force. Nous n’aurons qu’à ouvrir les portières et laisser les scientifiques s’en charger sans aucune difficulté.

Tenue ••• Est-ce un compliment ? Je ne pense pas qu'il puisse être du genre à me faire un véritable compliment. Encore une fois, tout est dit uniquement pour le rôle qu'il s'efforce de tenir malgré lui. Mais fort heureusement pour lui, comme pour moi, cette mascarade est bientôt finie. Je laisse les trois amis partager un peu plus de mon alcool fétiche et regarde le paysage défiler. J'ai soudainement très mal à la tête mais je sais que le cachet que j'ai avalé m'aidera à combattre l'effet du somnifère même si je risque de passer une soirée très douloureuse. C'est le prix à payer pour finir cette mission sans trop de difficultés. Mais alors que je pensais finir le trajet, bercée par les rires de nos trois proies à l'arrière, j'entendis mon partenaire du soir me poser une question assez surprenante. Est-ce qu'il s'inquiète de mon comportement ? Je suis si indigne de confiance que ça ? Je souffle légèrement et le regarde un court instant avant de reporter mon attention sur l'extérieur de la voiture.

- Ne t'inquiètes pas, j'ai pris ma pilule magique.

Après cette petite explication donnée, il ne nous fallu plus beaucoup de temps avant d'arriver à destination. Je souffle de soulagement et me retourne pour apercevoir les trois compères totalement endormis. Je souris doucement en coin et murmure quelques mots.

- Faites de beaux rêves. Ce seront les derniers.

Je ne perds pas plus de temps et descends de la voiture pour saluer ceux qui nous attendaient. J'ouvre alors l'une des portières à l'arrière et les invite à se servir.

- La livraison est effectuée.