“Blood all over” Morphine feat Choi Kailani

Tu es assise dans une pièce de l'infirmerie, un plateau de cantine devant toi. Tu n'y as pas touché pour le moment, attendant de ressentir la faim au lieu de ce vide qui t'habite actuellement. Tu observes la pièce, elle est pratiquement vide, à part ton pieux, une table de chevet, et une fenêtre avec des barreaux, sans ouverture. Il y a un fauteuil et une table au milieu, mais rien de plus. Rien d'intéressant pour te faire du mal, du moins.
Tu soupires, regardant un instant tes bras bandés : Tu ne ressens que légèrement les coupures. Ça été un peu la panique lorsqu'ils ont découvert ta tentative foireuse avec un vieil objet pointu que tu as déniché dans la cantine. Aussitôt, on est venu constater l'ampleur des dégâts et soigner ta peau. Tu t'es laissé faire, de toute façon, c'était déjà fait. Pendant un court instant, tu as pris le contrôle. Tu as décidé de ressentir la souffrance physique et tu l'as eu.
Ils n'ont pas voulu te mettre à l'isoloir, ni te laisser retourner aux dortoirs pour le moment, le risque de suicide étant beaucoup trop important. C'est vrai qu'actuellement, tes pensées tergiversent vers un autre moyen pour prendre le contrôle. Non seulement si tu meurs, tu quittes cette endroit et tu l'as choisi -non, tu ne veux pas que ce soit entre les mains de quelqu'un d'autre que ta propre personne.
Tu sais qu'ils ne doivent pas avoir l'habitude de gérer ce genre de situation. Tu l'as aisément remarqué au vu qu'ils ont dû t'installer dans une pièce à la va-vite. L'isolement risquerait d'empirer les choses et tu ne peux être laissée sans surveillance pour le moment.
Tu soupires, regardant la porte avec un peu de honte. On va devoir faire venir quelqu'un pour te surveiller parce tu comprends, ils ne sont pas ici pour gérer ce genre de comportement et que c'est heure pour eux de rentrer.
Tu ne sais pas qui cela va être, vu que tu connais pas encore tout le monde. Tu te doutes que ça ne va pas être un scientifique, ni un cobaye. Ce n'est pas leur rôle et qu'est-ce qu'ils en ont à foutre ? Ce laboratoire pue la mort à plein nez, donc ça ne changera pas grand chose. Après un de plus ou un de moins, qui ferait la différence ?
Alors pourquoi on ne te laisse pas mourir tranquille ?
Tu ne penses pas que c'est par pure altruisme, non. Tu te dis que c'est une manière à eux de te garder sous contrôle et que si ta tentative avait marché, ça encouragerait les autres cobayes à faire de même. D'un côté, tu ressens de la honte d'être vu ainsi -comme une stupide bitch suicidaire, mais ce n'est pas ce que tu es au fond ?
On t'as informé que la personne qui allait te surveiller va arriver d'un moment à l'autre. Pour l'instant, tu es avec quelqu'un qui n'as pas envie d'être là. Comme toi, d'ailleurs. Tu as déjà essayé de demander d'être seule, que tu pouvais gérer. Après, tu es l'unique personne à pouvoir tout gérer dans ta vie c'est bien connu. Tu as tellement bien géré que tu as atterri ici, difficile de faire pire, après tout. Cette pensée t'arraches un sourire ironique mais tu n'as aucunement l'envie de faire quoi que ce soit. Alors tu attends et tu cogites encore et encore. Cela fait un moment que tu as abandonné l'idée de retrouver la mémoire. Car tu préfères échoué comme ça plutôt que de tout donner et que ça mène à rien. Au moins, tu as une bonne excuse et tu n'es pas faible, vu que tu as décidé par toi-même de laisser tomber.
Enfin, il semblerait avoir du mouvement. Peut-être qu'avec un peu de chance, tu arriveras à demander des médicaments pour te faire oublier ça et planer dans un monde meilleur que celui-là. Après tout, c'est sûre que c'était pas ton rêve d'être obligé de jouer les souris de laboratoire pour des scientifiques. S'ils aiment tellement faire des recherches sur des sujets humains, qu'ils commencent par eux-mêmes.
Il semblerait que la personne soit arrivée. Rapidement, tu caches tes mains sous la couette -même si c'est parfaitement inutile vu qu'elle sera au courant de la situation. Mais tu ne veux pas avoir l'air faible, alors t'essayes de faire au mieux. Tu te forces à sourire. Après tout, comme on dit “fake it until you make it" ou quelque chose de ce genre.