Oupsie // Jae Min

Ayant des dossiers de pharmacologie à traiter avec mon paternel, j’avais dû me lever plutôt qu’un dimanche habituelle. Pauvre de moi, actuellement, je suis certain que je dois ressembler à un zombi. Cela dit, c’est entièrement ma faute, si je n’étais pas autant occupé dans mes études de médecine et surtout par ce maudit laboratoire, j’aurais plus de temps pour les affaires de mon père. Un soupire traverse mes lèvres, je dois au moins m’estimer heureux que Se Jun ne m’ait pas contacté pour lui apporter des croissants et un câlin forcé dans son lit. Quoique, je ne devrais pas trop penser trop fort à ce genre de chose, avec lui on ne sait jamais.

Fort heureusement pour moi, il était à présent l’heure de rentrer chez moi pour me vautrer dans mon lit où dans le canapé au choix. Sachant pertinemment que ma jumelle ne serait pas là, il n’y aurait donc que Moonbyeol à la maison, et on va se l’avouer, ce n’est pas la plus bruyante des colocataires. Persuadé donc d’avoir un peu de calme dans ma maison, c’est d’un pas plutôt rapide que je dirige jusqu’à la porte d’entrée.

A ce moment-là, si je n’avais pas été épuisé et complètement dans ma bulle, j’aurais sans doute entendu la musique raisonnée à travers les murs. Je me serais sans doute dit que la jeune femme profitait un peu de sa solitude et qu’il aurait mieux valu pour moi que je rentre discrètement sans la déranger ou même carrément d’aller ailleurs pendant une heure où deux. Bien sûr, tout ceci aurait été dans un monde hypothétiquement merveilleux. Complètement distrait, c’est donc naturellement que je rentre chez moi. Balançant mes clés sur le meuble se trouvant à côté de la porte, là encore, je ne prête pas attention à la musique. Ce n’est finalement qu’en remontant le regard pour observer où je marche, que je me rends compte de la scène et surtout de la tenue dans laquelle Moonbyeol se trouve.

Son cri aurait par ailleurs dû me signaler que c’était le moment de détourner le regard, mais absolument pas intéressé par les femmes et surtout habitué à avoir déjà vu ce genre de scène avec ma jumelle, ce n’est que plusieurs secondes après que je finis par places ma main devant mon regard.

-« Oh ! mon dieu, Moonbyeol, je suis désolé. Parce que oui, honnêtement j’aurais dû détourner le regard plutôt. Bien que cette scène ne me choque pas, ma colocataire ne doit surement pas être aussi à l’aise que moi. J’étais perdu dans mes pensées et je n’ai vraiment pas fait attention à ce qu’il se passait dans la maison. Je peux sortir pendant une heure où deux si tu veux. »

Idiot, je suis idiot et en plus de cela, je me sens coupable. Il faut dire qu’à force de vivre seul, reclus du monde, j’ai perdu certaines habitudes qui auraient pu empêcher ce genre de chose d’arriver. Pauvre Moonbyeol, je venais de gâcher son seul moment de plaisir intense dans son nouveau chez soi. Avec ce genre d’événement, il est presque sûr qu’elle n’osera plus rien faire, quand elle sera seule, de peur que ce genre de chose n'arrive une nouvelle fois. En plus de cela, elle s’excuse. Mon dieu, mais elle ne doit absolument pas le faire. À mes yeux, elle n’a vraiment rien fait de criminelle. Elle pourrait même se balader ainsi, toute la journée que je ne dirais rien. J’aimerais d’ailleurs bien le lui faire comprendre, mais sur le coup, je me dis qu’il ne vaut mieux pas trainer en longueur dans la discussion. Au vu de sa gestuelle, je comprends aisément qu’elle n’est pas dans une position confortable, je me contente donc de hocher la tête, lorsqu’elle m’annonce qu’elle va se rhabiller.

Lorsque je me retrouve finalement seul, j’en profite pour ôter ma veste, tout en me demandant si je ne devrais pas retourner la situation. Non pas que j’aie des envies d’exhibitionniste, mais pour sûr que de me voir également nu avec une simple serviette sur le corps, décomplexerais la situation. Malheureusement, ne connaissant pas assez la demoiselle, ce genre de chose pourrait également avoir complètement l’effet inverse sur elle. Je ne voudrais pas que, par ma faute, ma jumelle perde son amie. Me ravisant donc sur mon idée, issue d’un esprit fatigué, je finis par attendre bien sagement le retour de Moonbyeol.

-« Je ……vais bien …. »

L’air est tendu et empli de gène, je peux le sentir sans aucune difficulté. Par ailleurs, je sens bien que ma colocataire désire changer de sujet, mais selon moi, la situation restera malaisante tant qu’on n'aura pas mis les pieds dans le plat.

-« Tu sais, je voulais te dire, tu n’as vraiment pas à être désolée. Après tout, tu es ici chez toi et tu as le droit de faire ce que bon te semble. Ce genre de chose ne me dérange absolument pas. Ne va pas croire que c’est parce que j’ai un côté voyeur, loin de là, ce genre de chose n’a aucun effet sur moi. »

Je ne veux pas encore lui avouer que je ne suis absolument pas attiré par les femmes. Après tout, officiellement, je suis en couple avec une demoiselle et je ne sais pas encore si je peux réellement faire confiance à cette nouvelle amie. N’oublions pas qu’elle travaille, elle aussi, au laboratoire. Rien ne me garantit que si elle est là aujourd’hui, ce n’est pas sous la demande de mon paternel.

-« Je veux vraiment que tu te sentes bien ici et qu’il n’y ait aucune gêne, tu comprends ? Je peux d’ailleurs te garantir que cela arrivera certainement, que tu me vois dans ce genre de tenue à l’avenir. »

Un rire émane alors de ma gorge pour détendre l’atmosphère. Non pas que je le souhaite, mais me connaissant et sachant que je n’ai pas l’habitude d’avoir du monde à la maison, il est presque certain quand sortant de la douche, je ne penserais pas une seule seconde que Moonbyeol puisse me voir. D’autant plus qu’avec ma jumelle, ce genre de gêne n’existe pas.

-« Tu pourras demander à Kai, ce genre de chose est souvent arrivé entre nous. »

Avec mes paroles, j’espère l’avoir rassurée, mais au vu de sa tête, elle semble encore plus se poser de questions. Il est vrai que certains de mes propos sont un peu vagues et en proie aux questionnements. Malheureusement pour Moonbyeol, je ne peux pas en dire davantage pour le moment. Enfin, je pourrais, mais je ne le désire pas vraiment, j’espère donc qu’elle sera se contenter de cela pour le moment. Ce qui semble visiblement le cas, car la jeune femme ne fait finalement qu’une remarque sur mon lien avec ma jumelle.

Est-ce vraiment normal ce genre de chose avec une sœur ? Honnêtement, on nous à toujours tellement répété que notre relation est un peu tendancieuse que j’ai du mal à l’imaginer. Je suis proche de Kailani, mais bien trop proche selon notre famille. Nous agissons bien souvent de manière déplacée. Enfin, c’est ce qu’on nous dit souvent dans le milieu. Bien sûr, ce genre de propos n’a jamais rien changé entre nous, mais le fait que ma colocataire trouve cela normal, me questionne fortement. Est-ce vraiment normal ? Il n’y a rien de bizarre avec ce genre de chose ?

-« Hmmm …. Je ne sais pas vraiment à vrai dire …. »

À mon tour, c’est moi qui suis empli de questionnements et un peu de gêne. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de passer ma main dans mes cheveux pour gratter mon crâne. Est-ce que je peux converser de ce genre de chose avec elle ? Rien n’est moins sûr, je n’ai de toute façon pas vraiment l’occasion d’y penser, car ma vis-à-vis vient une nouvelle fois à s’exprimer.

-« Ne me remercie pas, c’est normal voyons et c’est un réel plaisir de t’accueillir ici. Ma maison est largement assez grande pour trois de toute façon. »

Je reprends un peu de contenance, large sourire aux lèvres. Finalement, rien ne sert de se prendre la tête. La conversation est suffisamment fluide entre nous pour que mes questions reviennent sur le tapis si je me sens apte à les poser par la suite.

-« Absolument pas, j’étais partie bosser avec mon paternel et je dois avouer que mon estomac hurle de famine. Un petit rire franchit mes lèvres alors que mon estomac vient à confirmer mes dires avec un petit grognement. Je pense qu’il a hâte que l’on passe en cuisine. Nouveau rire. Allons y. »

Faisant signe de la main à Moon pour qu’elle passe devant moi, je décide de rallumer la radio afin qu’un agréable fond sonore emplît la maison, avant que nous arrivions en cuisine.

-« Ça te dirait que je cuisine ? Lui demandais-je alors. Ça serait ma façon de me faire pardonner. Par contre, je te préviens, je n’ai pas un haut niveau culinaire »

Clairement, la cuisine et moi cela ne fait pas vraiment un. Pourtant, je ne déteste pas cela pour autant. Bien au contraire même, j’aime découvrir de nouvelle saveur et voir la mine réjouit d’une personne qui déguste un succulent plat. Le plus grand problème dans cette histoire est que ce n’est pas chez moi que l’on m’a appris ce genre de chose. Déjà, parce que je n’ai pas un lien assez fort avec ma belle-mère pour qu’elle souhaite faire ce genre de chose avec moi quand j’étais petit, mais surtout parce que dans la haute société, c’est le rôle des domestiques. Mon père n’a d’ailleurs jamais compris pourquoi j’ai décidé d’habiter seul sans aide de toute sorte.

Beaucoup diront alors que ce n’est pas une raison, que c’est en pratiquant que l’on finit par être bon dans un domaine, mais c’est précisément là le deuxième souci, c’est que je n’ai littéralement pas de temps à accorder à ce genre de chose. C’est déjà un miracle, quand j’ai un peu de temps chez moi comme aujourd’hui. Habituellement, mes repas se font toujours à l’extérieur ou sur mon lieu de travail grâce à la magie de la livraison. C’est d’ailleurs pour cela que je préfère prévenir ma colocataire de mon niveau, afin qu’elle ne s’attende pas à une dégustation qui fait exploser les papilles. Je ne suis pas le plus nul du monde, mais clairement, c’est n’est pas fantastique non plus.

-« Dans ce cas, je n’ai plus qu’une chose à dire, j’espère que Kailani est meilleur que nous, on est bon à commander éternellement sinon. »

Bien entendu, l’option d’un domestique pourrait encore être envisagée, mais je ne pense pas que cela soit le mode de vie de quiconque ici. Même en étant très peu chez moi, ce genre de chose me mettrait extrêmement mal à l’aise. Clairement, je n’ai jamais compris pourquoi autant de personnes aiment traiter les autres comme de vulgaires loques obligées à obéir à n’importe quel ordre.

-« Hmmm et bien, il n'y a pas longtemps, je suis tombé sur une recette qui me semblait pas mal. Attrapant mon portable situé dans ma poche, je farfouille rapidement dedans afin de tomber sur ce que je recherche avant de lui montrer. Des pancakes, c’est une recette américaine. Tu en as déjà mangé ou préparé ? »

Autant dire que si elle en a déjà fait, cela serait miraculeux. Bien qu’à ma première lecture cela ne m’ait pas semblé très compliqué.

-« Ça te dirait qu’on essaye ? De ce que j’ai lu par contre, la pâte doit un peu reposer, donc on peut préparer autre chose pour accompagner. Tu en penses quoi ? »