Black In Na

Fille de Satan, ange déchus corrompu par le diable, créature des enfers… Voilà des surnoms que nos parents n’auraient jamais pensé m’affubler et pourtant, grâce à eux, voilà ce que je suis devenue. À ma naissance, j’étais cependant bien loin de cela, ma jumelle aussi d’ailleurs. Douce créature descendue du ciel dont un ange a accordé sa grâce et sa beauté, voilà ce que j’étais. Ce que nous étions. Il n’y avait pas plus pure créature que nous sur cette terre, mais vous savez ce que l’on dit, il est bien plus facile de succomber à la noirceur de l’âme que de s’accrocher à la lueur de la bonté. Pourtant, durant notre enfance, rien n’aurait pu indiquer que l’on devienne des créatures aussi dangereuses que belle.

Sourire, tendresse, rire, voilà ce qui résonnait habituellement dans la maison de notre enfance. En façade, nous avions une famille parfaite. Idyllique. Comment ne pas envier des parents qui possède des jumelles à croquer, sage comme des images et qui semble hyper liée ? Pourtant, à l’époque, déjà, de sombres nuages planaient au-dessus de la demeure familiale. Plus le temps passait et plus l’ambiance se gorgeait de noirceur. Des tensions comment à apparaître dans la famille. Le moindre de nos faits et gestes étant critiqués ou réprimandés fortement. Pauvre créature innocente dont le diable faisait déjà tourner la tête de leur parent. Les sourires disparurent, les rires se transformèrent en cris, mais la tendresse que ma sœur et moi, nous nous portions demeura. Dans cette vie parfaite, transformé en cauchemar, notre lien devint notre force et le plus grand danger.

Longuement, nous avons supporté l’alcoolisme et la violence. Longuement, nous avons subi les coups sans rien dire. Les petits anges se transformèrent alors peu à peu, commençant à prendre la place de l’une et de l’autre en guise de protection contre leur parent devenu sans cœur et sans âme. Peu à peu, la haine contre nos géniteurs s’installa alors dans notre cœur, le moment parfait pour le diable planant au-dessus de notre vis, pour emplir nos têtes de sombre pensée. Les blanches colombes que nous étions, commencèrent alors à se transformer en noir corbeau annonciateur de la mort.

15 ans. L’âge de la rébellion. L’âge de la découverte. L’âge de la liberté pour les jeunes filles que nous étions. Dans le noir de la nuit, le retentissement d’une explosion se fit retentir. Plus de maison. Plus de parents. Tout avait fini en petit morceau éparpillé dans la rue de notre quartier. Pauvre petit ange, qui venait de perdre domicile et famille. Pauvre petite créature devenue orpheline. Une fuite de gaz ? Un produit inflammable mal placé ? Nul ne savait. L’enquête n’a jamais rien su révéler. Le doute planerait éternellement, sauf pour les petits anges qui souriaient, intérieurement, pleinement, alors que leur fausse larme roulait sur leur joue. Adieu innocence. Adieu petit ange. Les enfants du diable étaient enfin nés. La noirceur de leur parent avait été terrible, mais le monde n’était pas prêt à subir la naissance de ses nouvelles demoiselles, qui venait de faire exploser leur parent par simple vengeance.

Nous n’étions pas riches, mais l’assurance-vie de nos parents, nous permit dans un premier temps de survivre et puis, ce n’est pas comme si nous étions toute seule. Un gentil petit oncle du côté de notre mère décida de nous prendre sous son aile. Pauvre homme, trop gentil et facile à manipuler, grâce à lui les corbeaux disgracieux se transformèrent en magnifique cygne noir. École de haut niveau, garde de robe immense, un claquement de doigt et absolument tout nous étaient servi sur un plateau d’argent. Comment résister, après tout, à nos petits visages implorant simulant à la perfection le chagrin et le besoin d’amour ?

Duperie, tromperie, manipulation étaient devenu nos jeux favoris. Rien de plus plaisant que de se faire passer pour un ange, alors qu’en secret, nous aimions planifier des plans les plus sordides les uns que les autres, pour faire souffrir nos camarades de classe. Si au début, ce n’était que de petite blague sans trop de conséquences, l’âge nous permis de pousser le vice jusqu’à certains suicides. Pauvre petit élève. Nos pauvres amis que l’on aimait tant, dont la disparition nous faisait rire aux éclats dans nos chambres alors qu’en société nous jouions les dévastées.

18 ans, l’âge de faire un choix de vie. Le sentiment de plénitude qu’avait procuré l’explosion de nos parents ne m’avait jamais quitté. La fascination du corps humain et de cette fragilité facile à exploité, me poussa alors ma sœur et moi à poursuivre des études dans la science. Quoi de plus plaisant que de passer ses journées entières à étudier le moindre des points faibles d’un petit humain ?

Seulement, sur mon chemin de manipulation tout tracé, fini par apparaître un homme. Un camarade de classe plus précisément. Mon cœur mort se remit alors à battre rapidement. La noirceur de mon âme commença alors à ce teinté de gris, puis de blanc au fil du temps qui passa. L’amour m’avait gagné. Nous avaient gagnés, lui et moi. Pour la première fois de ma vie, j’arrivais à sentir ce sentiment de plénitude et de bien-être en compagnie d’une autre personne que ma jumelle. Mariage et bébés s’était alors immiscés dans mon esprit, alors que nous sortions ensemble déjà depuis six ans ensemble. Pauvre petite fille crédule, pense tu vraiment que le diable va laisser s’envoler sont enfant aussi facilement ?

Les regards de mon homme se sont alors mis à dévier, sur ma jumelle et sur d’autre femme. D’abord discrètement et puis de plus en plus intensivement. Colère et jalousie se sont alors à nouveau emparées de mon cœur, l’amour persistant cependant, j’avais espoir que notre situation s’arrange. Douce illusion que voilà, l’espoir n’a pas perduré bien longtemps alors que mon compagnon commençait à rentrer de plus en plus tard chaque nuit. Une idée m’est alors apparue. Il était temps de jouer à nouveau à mon jeu préféré à savoir celui de me faire passer pour ma jumelle. Avec l’aide de celle-ci, un rendez-vous secret a donc été planifié. Lui pensait que cela serait ma douce moitié, alors qu’en vérité, il aurait en face de lui sa future femme. Pauvre homme stupide qui sait facilement embobiner. Vile créature répugnante qui n’a pas attendu plus d’une demi-seconde avant de me tromper, avec celle qui pensait être ma sœur.

Adieu amour. Adieu tendresse. Les plumes du cygne devenu blanc se teintèrent de rouge, alors que dans cette chambre d’hôtel, je découpais l’amour de ma vie en petit morceau. Le diable avait repris possession de sa fille. Le diable avait récupéré son cygne noir, qui avant de s’en aller, plaça avec soin, chacun des organes de l’homme éventré, dans des petits bocaux soigneusement emporté préalablement dans un sac. Cette histoire m’aura au moins servit de leçon, ne jamais faire confiance à un homme.

Deux ans se sont ensuite écoulés. À 26 ans, je suis toujours cet ange sublime dont le moindre des entrailles est aussi sombre que la nuit. Mon petit copain est toujours resté avec moi ou du moins ce qu’il en reste. Soigneusement disposés, ils trônent à présent fièrement dans la salle qui m’est dédié pour mes expériences. Nos petits jeux avec ma jumelle ont également perduré. Tromperie, manipulation et souffrance sont toujours de la partie, cependant aujourd’hui, plus rien ne nous empêches de laisser parler nos plus noires pulsions. Quoi de mieux que de se défouler sur des êtres humains faisant office d’animaux, que tout le monde pense disparu ?